La griffe du chat !
COMPTE-RENDU Café des lecteurs 18 – 10/10/18
En ce jour d’automne nous avons été ravis d’accueillir deux nouvelles passionnées de lecture !
Une lecture a introduit nôtre café des lecteurs, celle d’une nouvelle extraite de
« La griffe du chat - contes cruels » de Martin H.Greenberg, et Ed. Gorman 1991.
Vingt nouvelles ironiques et cruelles écrites pour cette anthologie par les maîtres du genre et des États-Unis. Entre tous ces éléments un seul point commun : le chat, insaisissable et mystérieux.
Ensuite nous avons partagé le retour de nos lectures des livres surprise reçus lors du dernier café des lecteurs :
- « Un endroit où aller » de Robert Penn Warren (1977)
Robert Penn Warren, inoubliable auteur des Fous du roi (1946), a écrit une histoire imprégnée d’éléments autobiographiques, à travers les mésaventures de Jed Tewksbury dominées par l'arrachement au Sud, la traversée de la guerre et la furieuse mais impossible liaison avec Rozelle.
- « C’est comment l’Amérique » Frank McCourt 1999
C'est un parcours tout à fait atypique que celui de Frank McCourt. Né à Brooklyn en 1930, peu de temps après que ses parents ont décidé de s'installer aux États-Unis, il a cependant grandi à Limerick dans la misère la plus noire, sa famille ayant dû se résoudre, la mort dans l'âme, à rentrer en Irlande. L'idée de repartir à la conquête de l'Amérique à l'âge de dix-neuf ans est donc à la fois un défi et une revanche. Son récit autobiographique couvre la période qui va de 1949 à la mort de son père en 1985, et raconte l'ascension d'un jeune émigrant irlandais qui fait tous les métiers et connaît toutes sortes de tribulations avant de devenir sur le tard professeur d'université et auteur à succès. Mais le récit est mené avec cette verve et cet humour qui se refuse à l'apitoiement dans les circonstances les plus tragiques qui ont déjà fait le succès des "Cendres d'Angela". Plus encore que dans le premier volume de son autobiographie, Frank McCourt trouve ici des accents inoubliables pour évoquer, au-delà de son destin individuel, l'aventure poignante et singulière de toute vie.
- « La bellarosa connection » Saul Bellow 1989
On retrouve dans ce livre de l'écrivain Saul Bellow, prix Nobel de littérature en 1976, une thématique récurrente dans son oeuvre : quels rapport les juifs des États-Unis peuvent-ils (doivent-ils) entretenir avec la Shoah ?
Bellow aborde ce sujet délicat à travers l'odyssée d'Harry Fonstein, cousin du narrateur et réfugié d'Europe centrale. Fonstein est sauvé des griffes nazies grâce à Billy Rose, un personnage haut en couleur, imprésario du Tout-Hollywood, qui a mis sur pied un réseau quelque peu abracadabrant (la "connexion" du titre).
Lorsque Fonstein a passé la sélection à Ellis Island, on lui fait comprendre que Rose souhaite qu'il n'entreprenne rien pour le voir ni même le remercier !
Fonstein partira pour Cuba où il épousera une femme obèse et aura un fils génie des mathématiques, sans jamais réussir à oublier l'homme qui lui a sauvé la vie...
- « Le choix des Morrison » Marie Lawson 2002
Récit dramatique illuminé par de subtiles notes d’humour et de tendresse, Le Choix des Morrison interroge l’incidence du poids des origines sur le destin individuel.
Crow Lake, au nord de l’Ontario, une terre magnifique et rude où vit une petite communauté de fermiers régie par une austérité toute presbytérienne qui n’a d’égale que la solidarité s’exerçant en cas de coup dur.
Après le décès accidentel de leurs parents, Kate Morrison, sept ans, ses grands frères, Luke et Matt, et sa petite soeur Bo voient leur destin basculer. Si Luke, l’aîné rebelle, renonce à ses études pour s’occuper tant bien que mal de ses cadets, c’est Matt que la fillette idolâtre comme un héros. Matt, porteur de tous les espoirs d’une famille destinée à s’élever par l’instruction, mais avant tout un adolescent fragilisé par la tragédie.
Une fois adulte, Kate, professeur de biologie à l’université de Toronto, appréhende son retour à Crow Lake et ses retrouvailles avec Matt. Devenue une étrangère parmi les siens, elle devra affronter les conséquences des choix douloureux faits vingt ans plus tôt.
Nous avons ensuite partagé nos coups de cœurs :
- « Galadio » Didier Daeninck 2010
Allemagne, années trente. Ulrich est un adolescent de Duisbourg comme les autres. A un détail près : sa peau est noire...
Son père, un soldat africain, est venu en Allemagne avec les troupes françaises d'occupation chargées de veiller à l'application du traité de Versailles. Il est reparti en 1921, quelques mois avant la naissance de cet enfant, fruit d'un bref amour avec une jeune Allemande.
Ils sont des centaines, comme Ulrich, à incarner ce qu'Hitler et les nationalistes ne cesseront de dénoncer, dans l'entre-deux guerres, comme la "honte noire", symbole de l'avilissement délibéré du sang aryen par les occupants. Leur sort ne sera en général guère plus en viable que celui des Juifs.
Ulrich, pour sa part, va connaître un destin inattendu et mouvementé, et découvrir une autre facette de son identité : Galadio.
Comme toujours, Didier Daeninckx s'appuie sur une documentation très fouillée pour éclairer un aspect méconnu de l'histoire du vingtième siècle. Il révèle ici le terrible sort des Allemands métis dans un pays emporté par le délire nazi. De Duisbourg aux studios de cinéma de Babelsberg, jusqu'aux rivages du Sénégal où se déroulent les premiers combats entre pétainistes et gaullistes, Ulrich apprend à connaître les hommes.
- « Les chaussures italiennes » 2011 et « Daisy sisters » 2016 d’Henning Mankel
« Les chaussures italiennes » : A soixante-six ans, Fredrik Welin vit reclus depuis une décennie sur une île de la Baltique avec pour seule compagnie un chat et un chien et pour seules visites celles du facteur de l’archipel. Depuis qu’une tragique erreur a brisé sa carrière de chirurgien, il s’est isolé des hommes. Pour se prouver qu’il est encore en vie, il creuse un trou dans la glace et s’y immerge chaque matin. Au solstice d’hiver, cette routine est interrompue par l’intrusion d’Harriet, la femme qu’il a aimée et abandonnée quarante ans plus tôt. Fredrik ne le sait pas encore, mais sa vie vient juste de recommencer.
Le temps de deux solstices d’hiver et d’un superbe solstice d’été, dans un espace compris entre une maison, une île, une forêt, une caravane, Mankell nous révèle une facette peu connue de son talent avec ce récit sobre, intime, vibrant, sur les hommes et les femmes, la solitude et la peur, l’amour et la rédemption.
« Daisy sisters » : Été 1941, en Suède. Deux amies, Elna et Vivi, dix-sept ans, de condition modeste, s’offrent une escapade à bicyclette à travers la Suède en longeant la frontière de la Norvège occupée par les nazis. L’aventure, d’abord idyllique, l’été de toutes les joies, de tous les espoirs, est de courte durée : Elna, revient chez elle enceinte d’une petite fille qu’elle appellera Eivor.
1960. Eivor, dix-huit ans, en révolte contre sa mère, veut devenir une femme libre. Elle s’enfuit du village avec un jeune délinquant. Que lui réserve l’avenir ? Réalisera-t-elle son rêve d’indépendance et de liberté, et à quel prix ?
- « Les nuits de Reykjavik » 2016 et « Opération Napoléon » 2016 d’Arnaldur Indridason
« Les nuits de Reykjavik » La mort inexpliquée d'un sans-abri qu'il croisait à chacune de ses rondes obsède un jeune policier. Intuitif et obstiné, il juge la thèse de l'accident douteuse. Dans la nuit boréale, entre foyers de clochard et planques de dealers, il sillonne Reykjavik, déterminé à résoudre ce mystère. Ce policier n'est autre qu'Erlendur.
« Opération Napoléon » 1945. Un bombardier allemand, pris dans le blizzard en survolant l’Islande, s’écrase sur le Vatnajökull, le plus grand glacier d’Europe. Parmi les survivants, des officiers allemands et américains. L’Allemand le plus gradé affirme que leur meilleure chance de survie est de marcher vers la ferme la plus proche. Une mallette menottée au poignet, il disparaît dans l’immensité blanche. Dans les années qui suivent les Américains lancent en vain des expéditions pour faire disparaître cette opération militaire. 1999. Le glacier fond et les satellites repèrent une carcasse d’avion, les forces spéciales de l’armée américaine envahissent immédiatement le Vatnajökull et tentent en secret de dégager l’avion. Deux jeunes randonneurs surprennent ces manoeuvres et sont rapidement réduits au silence. Avant d’être capturé l’un d’eux contacte sa soeur Kristin, une jeune avocate. Celle-ci se lance sur les traces de son frère dans une course poursuite au coeur d’une nature glaçante.
- « Toutes blessent, la dernière tue » Karine Giebel 2018
« Vulnerant omnes Ultima necat » Derrière la maxime latine, on trouve ici l’abjecte réalité de l’esclavagisme moderne. Tama, neuf ans est achetée à son père pour une poignée d’Euros, devient l’esclave d’une famille de quatre enfants, en banlieue parisienne.
Gabriel vit reclus dans les montagnes. Une jeune femme terriblement mal en point arrive un jour chez lui.
Deux héros malmenés par la vie et les hommes, dont les histoires se télescoperont dans une narration envoûtante et dure.
- « D’acier » Silvia Avallone 2011
Anna et Francesca ont treize ans. C’est l’été à Piombino, ville désolée de Toscane bien loin de l’image de carte postale. Leur quotidien : des barres d’immeubles insalubres et surtout l’aciérie, personnage monstrueux qui engloutit jour et nuit tous les hommes du coin.
Mais Anna et Francesca, les reines de la cité, éclaboussent toute cette laideur de leur jeunesse insolente. En attendant, elles rêvent. D’être écrivain ou femme politique pour l’une, de passer à la télé de Berlusconi pour l’autre, ou simplement d’aller ensemble, pour la première fois à l’île d’Elbe, inaccessible et pourtant à quelques brasses de leur cité plombée.
- « Eva dort » de Francesca Melandri 2012
Eva voyage en train depuis son Tyrol du Sud natal jusqu'en Calabre pour rendre visite à Vito, disparu de sa vie trop tôt et depuis trop longtemps, que la maladie menace d'emporter. Durant ce trajet du nord au sud de l'Italie, c'est toute son enfance et l'histoire de sa mère Gerda qui défilent dans sa tête.
Celle-ci est si belle, si libre, une fille-mère parvenue à mener une prestigieuse carrière de chef cuisinière dans un grand hôtel de montagne et qui rencontre Vito, sous-officier des carabiniers en garnison dans ce coin de la péninsule agité par un mouvement indépendantiste. Eva se remémore aussi le destin du Haut-Adige, passé en 1919 de l'Empire austro-hongrois défait à l'Italie, que Mussolini essaya d'italianiser de force et qui par la volonté d'un homme, Silvius Magnago, obtint de Rome un statut d'autonomie mettant fin aux actions terroristes et évitant une probable guerre civile.
Si sa région a finalement connu la paix et la prospérité, Eva, héritière innocente d'un amour impossible, a dû grandir sans Vito qu'elle veut à présent retrouver avant qu'il ne soit trop tard. Inoubliable fresque historique et familiale, Eva dort brosse le portrait d'une mère exceptionnelle et, à travers l'histoire du Tyrol du Sud, celui de toute la nation italienne à l'unité encore fragile.
- « Réparer les vivants » Maylis de Kerangal 2015
"Réparer les vivants" est le roman d'une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d'accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le coeur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l'amour.
Nouvelle proposition :
Annabelle Léna est une auteure de romans noirs. Elle vit tout près de Mimet. Nous avons fait sa connaissance lors d’une présentation de ses livres à la Bibliothèque de Simiane.
Elle viendra rencontrer notre café des lecteurs pour échanger avec nous autour de son écriture.
Nous avons donc commencé à faire circuler deux de ses romans, l’un écrit avec Philippe Paternolli, qui se déroule sur la Sainte Victoire, et l’autre écrit de sa seule plume, qui se passe dans la ville de Marseille, afin que les membres de notre cercle (et d’autres car nous ouvrirons largement cette rencontre à tous les adhérents) puissent les lire avant la future rencontre.
D’ici-là, Bonnes lectures !
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