Pour la rentrée : le quarantième !
COMPTE-RENDU Café des lecteurs n° 40 – 11/09/21
Déjà notre quarantième café des lecteurs (commencé en octobre 2016) et toujours le même enthousiasme à partager nos coups de cœur !
Nous avons d’abord échangé sur l’auteure américaine Anne Tyler qui a commencé à tourner entre toutes les mains dès le début de l’été. Des personnages cabossés, souvent de condition sociale assez simple, et qui essaient de s’en sortir, de s’émanciper. « Une autre femme » est le titre qui a gagné le plus de suffrages pour l’instant.
Nous avons enchainé sur la présentation de quatre romans d’une auteure australienne, Karen Viggers, et de la lecture à voix haute d’un extrait de ses romans.
- « La mémoire des embruns » (2011) : Mary est âgée, sa santé se dégrade. Elle décide de passer ses derniers jours à Bruny, île de Tasmanie balayée par les vents où elle a vécu ses plus belles années auprès de son mari, le gardien du phare. Les retrouvailles avec la terre aimée prennent des allures de pèlerinage. Entre souvenirs et regrets, Mary retourne sur les lieux de son ancienne vie pour tenter de réparer ses erreurs. Entourée de Tom, le seul de ses enfants à comprendre sa démarche, un homme solitaire depuis son retour d'Antarctique et le divorce qui l'a détruit, elle veut trouver la paix avant de mourir. Mais le secret qui l'a hantée durant des décennies menace d'être révélé et de mettre en péril son fragile équilibre.
Une femme au crépuscule de sa vie, un homme incapable de savourer pleinement la sienne, une émouvante histoire d'amour, de perte et de non-dits sur fond de nature sauvage et mystérieuse.
- « La maison des hautes falaises » (2008) : Hanté par un passé douloureux, Lex Henderson part s'installer dans un petit village isolé, sur la côte australienne. Il tombe très vite sous le charme de cet endroit sauvage, où les journées sont rythmées par le sac et le ressac de l'océan. Au loin, il aperçoit parfois des baleines. Majestueuses, elles le fascinent.
Peu de temps après son arrivée, il rencontre Callista, artiste passionnée, mais dont le cœur est brisé. Attirés l'un par l'autre, ils ont pourtant du mal à laisser libre cours à leurs sentiments. Parviendront-ils à oublier leurs passés respectifs et à faire de nouveau confiance à la vie ?
- « Le murmure du vent » (2014) : Quand Abby rencontre Cameron, tout en lui l'agace. Biologiste, elle arpente seule la vallée des monts Brindabella pour observer le comportement des kangourous. Il est un jeune journaliste enquête d'un article pouvant susciter la polémique.
Quand il cherche à la revoir, elle fait tout pour l'éloigner. Pourquoi prendrait-elle le risque d'être à nouveau blessée par la vie ?
Un jour, elle rencontre une vieille dame, Daphne, qui a passé sa jeunesse dans ces montagnes et vient régulièrement se ressourcer dans cette nature si chère à son coeur. Malgré leur différence d'âge, les deux femmes se rapprochent. Avec délicatesse, Daphne essaye de sortir Abby de son marasme. Leur amitié leur permettra peut-être enfin de se libérer du passé et de sourire à l'avenir?
- « Le bruissement des feuilles » (2019) Miki, dix-sept ans, vit coupée du monde depuis l'incendie qui a coûté la vie à ses parents. Sous le joug de son frère Kurt, un chrétien fondamentaliste, elle travaille comme serveuse dans leur restaurant et le soir, se rêve en héroïne de romans. Lors d'une escapade secrète en forêt, elle fait la rencontre de Leon, un garde forestier tout juste installé en Tasmanie. Les deux jeunes gens se donnent alors une mission extraordinaire : sauver les diables de Tasmanie de l'extinction.
Au cœur de paysages somptueux, le combat inoubliable d'une jeune fille pour protéger la nature et se sauver elle-même.
Recommandé par Catherine car on fait au cours de ces romans de fabuleux voyages au cœur de la nature australienne, sur fond de défense de la forêt ou des animaux (baleines, kangourous, ou diables de Tasmanie) (Karen Viggers est par ailleurs biologiste et vétérinaire), en suivant la vie de personnages très attachants qui ont tous en commun d’avoir des difficultés à aimer et à aller de l’avant.
- « Tout le bleu du ciel » Mélissa Da Costa 2020
Petitesannonces.fr : Jeune homme de 26 ans, condamné à une espérance de vie de deux ans par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) pour partager avec moi ce dernier périple.
Émile a décidé de fuir l’hôpital, la compassion de sa famille et de ses amis. À son propre étonnement, il reçoit une réponse à cette annonce. Trois jours plus tard, devant le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme coiffée d’un grand chapeau noir qui a pour seul bagage un sac à dos, et qui ne donne aucune explication sur sa présence.
Ainsi commence un voyage stupéfiant de beauté. À chaque détour de ce périple naissent, à travers la rencontre avec les autres et la découverte de soi, la joie, la peur, l’amitié, l’amour qui peu à peu percent la carapace de douleurs d’Émile.
Recommandé par Anne, Catherine et Patrick : pas une grande écriture mais une histoire attachante au cours de laquelle la jeune femme, qui a également une histoire personnelle à fuir, trouve l’attitude digne et respectueuse dans l’accompagnement de la perte de mémoire du jeune homme.
- « L’adieu au Connemara » Hervé Jaouen (2005)
Plus d'un million de victimes. Les chemins de campagne jonchés de cadavres. Les villes décimées par les fièvres et le choléra... En 1846, la Grande Famine ravage l'Irlande déjà écrasée sous la tyrannie anglaise. Par milliers, des survivants choisissent l'émigration. Dans des conditions inhumaines, une véritable déportation s'organise. Le journaliste William Benson et Joséphine Maloney, sa jeune protégée orpheline, gagnent les Amériques dans l'intention de témoigner d'une " traite " qui n'ose dire son nom.
Le roman d'amour et d'aventures atteint ici une gravité bouleversante. Au milieu des pires épreuves, ces âmes fortes tentent de gagner les rives de Saint-Laurent, espoir et refuge de ceux qui ont tout perdu.
Recommandé par Pierre
- « Le manuscrit Saint Sépulcre » Jacques Neirynck (1995)
Chargé d'effectuer une datation au carbone 14 du linceul de Turin, Théo fait une découverte capable d'ébranler les fondations de la chrétienté. Premier opus d'une époustouflante trilogie romanesque, " Le Manuscrit du Saint-Sépulcre " est une énigme religieuse qui équilibre mystère et suspense.
Présenté par Pierre (à demi recommandé seulement !)
- « Churchill » François Bédarida (1999)
Fondée sur des analyses rigoureuses et sans complaisance, émaillée d'anecdotes, cette biographie historique entend retracer et faire comprendre l'itinéraire d'un personnage hors normes, aussi inclassable que talentueux, capable de démesure et d'aveuglement aussi bien que d'intuitions fulgurantes, romantique et réaliste, combinant sans effort l'imaginaire et la realpolitik, un chef de guerre implacable, que sa carrière a conduit des feux encore brillants de l'ère victorienne aux jours sombres d’Hitler et aux affres de la guerre froide, en passant par les hauts et les bas de la Première Guerre mondiale et par une pénible traversée du désert dans les années 30.
Recommandé par Pierre.
- « La nuit de Lampedusa » Daniel Piccouly (2011)
Si en juin 1799, on enterre bien le chevalier de Saint-Georges à Paris, sait-on que son ami le général Dumas, prisonnier en Sicile, l'a appelé à son secours ? Le célèbre maître d'arme et de musique n'ayant pu répondre, et pour cause, ce sont Jeanne, son dernier amour, et ses deux frères d'armes, qui vont relever le défi au prix d'aventures rocambolesques. Sur les flots de la Méditerranée, au large de l'île de Lampedusa, le regard de Jeanne croise celui d'un général malchanceux qui s'en revient d'Égypte. Il se nomme Napoléon Bonaparte et n'a plus qu'une obsession : revoir la belle inconnue...Après L'Enfant léopard (prix Renaudot) et La Treizième Mort du chevalier, on retrouve la générosité, la verve et l'imagination débordante de Daniel Picouly dans une course effrénée à mi-chemin entre roman historique et policier.
A demi recommandé par Françoise qui n’en a aimé que la partie historique !
- « Trio » William Boyd (2021)
Dans la station balnéaire de Brighton, indifférents au tumulte du monde en cet été 1968, trois personnages sont réunis pour les besoins d'un film Tous ont une double vie. Talbot Kydd, producteur chevronné, affronte les embûches du tournage (réécritures du scénario, erreurs de casting, défection de l'actrice principale) et se demande comment faire son coming out. Anny Viklund, jeune beauté américaine à la vie amoureuse chaotique voit réapparaître son ex-mari, terroriste en cavale, et suscite l'intérêt de la CIA. Quant à l'épouse délaissée du metteur en scène, Elfrida Wing, autrefois saluée comme " la nouvelle Virginia Woolf " avec son premier roman, elle combat sa panne d'écrivain à grand renfort de gin tonic.
À travers ces trois êtres désemparés, Boyd nous entraîne dans les coulisses de la duplicité et de la simulation, là où se trame le scénario de nos vies secrètes au détriment des apparences.
Présenté par Martine (dont nous saluons avec plaisir l’arrivée au café des lecteurs) pas très emballée par ce livre aux personnages tellement superficiels qu’ils n’en sont pas très attachants !
- « Là d’où je viens a disparu » Guillaume Poix (2020)
« Ça fait deux ans que je ne l'ai pas revu. Sept cent vingt-trois jours pour être précise. Il y a un mois, j'ai reçu une lettre de lui en provenance des États-Unis. Il m'indiquait qu'il avait fui notre pays et qu'il travaillait dans une entreprise de bâtiment. Il allait bien, il écrirait de temps en temps, il me souhaitait du calme maintenant qu'on ne se reverrait plus. J'ai brûlé la lettre et j'ai regardé mon fils aîné partir en fumée."
Inspiré de faits réels, ce roman choral explore des rêves d'exil, accomplis ou à jamais manqués. D'un continent à l'autre, des familles dispersées affrontent la même incertitude : que transmet-on à ses enfants qu'aucune frontière ne peut effacer ?
Chaudement recommandé par Evelyne qui y a retrouvé l’humanité d’un Olivier Norek (« Entre deux mondes ») et la construction complexe d’un Marcus Malte (« Aires »).
- « Du domaine des murmures » Carole Martinez (2011)
En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire "oui". Contre la décision de son père, le seigneur du domaine des Murmures, elle s'offre à Dieu et exige de vivre emmurée jusqu'à sa mort. Elle ne se doute pas de ce qu'elle entraîne dans sa tombe, ni du voyage que sera sa réclusion... Loin de gagner la solitude, la voici bientôt témoin et actrice de son siècle, inspirant pèlerins et croisés jusqu'en Terre Sainte. Aujourd'hui encore, son fantôme murmure son fabuleux destin à qui sait tendre l'oreille. Après « Le coeur cousu », Carole Martinez nous offre un conte sensuel et cruel, encensé par la critique et les lecteurs. Elle y dessine l'inoubliable portrait d'une femme insoumise, vivant à la lisière du songe.
Recommandé par Catherine : Quelle belle écriture !
- « Syngué sabour Pierre de patience » Atiq Rahimi (2008)
Cette pierre que tu poses devant toi... devant laquelle tu te lamentes sur tous tes malheurs, toutes tes misères... à qui tu confies tout ce que tu as sur le coeur et que tu n'oses pas révéler aux autres... Tu lui parles, tu lui parles. Et la pierre t'écoute, éponge tous tes mots, tes secrets, jusqu'à ce qu'un beau jour elle éclate. Elle tombe en miettes. Et ce jour-là, tu es délivré de toutes tes souffrances, de toutes tes peines... Comment appelle-t-on cette pierre ?"
En Afghanistan peut-être ou ailleurs, une femme veille son mari blessé. Au fond, ils ne se connaissent pas. Les heures et les jours passent tandis que la guerre approche. Et la langue de la femme se délie, tisse le récit d'une vie d'humiliations, dans l'espoir d'une possible rédemption.
Recommandé par Catherine : dur et beau récit à la fois.
Prochain café des lecteurs : samedi 16 octobre
Belles lectures !
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