Les anciens du TRAIT d'UNION. MIMET

Les anciens du TRAIT d'UNION.            MIMET

L'atelier des sens!

Pour notre dernier atelier d'écriture de l'année, nous avons cultivé le sens de l'odorat: après avoir essayé d'identifier des odeurs (ananas, cannelle, coco, biscuit, rose, chèvre-feuille, coco, pomme, vanille, cuir, fleur d'oranger, lavande, muguet, violette, fraise, cassis, savon, miel, etc) nous les avons introduites dans nos textes!

 

"Voyageur en partance

Louise vient de boucler son sac de voyage. Il y a longtemps qu’elle ne l’avait pas sorti de son placard. Elle est très surprise de retrouver, presque intacte, l’odeur de cuir, si prégnante. Avant de quitter l’appartement, elle passe par toutes les pièces, pour vérification, et en ressent toutes  les nuances olfactives. De la salle de bain émane un parfum de fleur d’oranger, dans sa chambre c’est la lavande qui prédomine car elle a parsemé des sachets un petit peu partout. Son salon renvoie une odeur d’encens, assez entêtante ; elle ne se souvient plus ce qu’elle a brûlé comme bâtonnet. Elle vérifie la cuisine, où subsiste l’odeur des épices qu’elle a utilisés pour son tajine, la veille.

Après avoir fermé sa porte, la voici qui descend l’escalier où se mélangent les odeurs de cuisine des appartements voisins ainsi que celle plus ténue de la poussière du tapis qui recouvre les marches. Elle n’a que le temps de percevoir le miel des pins bordant l’allée avant de s’asseoir dans le taxi. Immédiatement elle sent comme un parfum synthétique, certainement agrume, que le chauffeur a vaporisé. Elle ne respire plus que par la bouche afin d’éviter les hauts le cœur qui ne sauraient tarder. La voici enfin arrivée à la gare et là ce sont les différents métaux présents, et l’huile chaude, qui l’enveloppe. Elle sait qu’elle va ensuite affronter les odeurs des corps qui se bousculent dans le hall, et les parfums synthétiques de pain chaud, de viennoiserie.

Son train est annoncé quai 10 et, tout en longeant les wagons, elle voit trois  eucalyptus qui aussitôt évoquent le bruit des cigales et du ressac. Arrivée à sa voiture, elle s’assied  et se dit qu’il est temps d’arrêter d’imaginer les odeurs de ces espaces qu’elle vient de traverser puisque finalement ce sont surtout les mauvaises odeurs qui prédominent et, que n’avoir pas d’odorat n’est pas si dramatique que cela. On se console comme on peut !!!"

 

"Voyageur

Je suis sur la route, seul dans mon 4 x 4, dans la chaleur écrasante et moite, malgré le paysage désertique. Ca sent le ciment chaud, l'herbe sèche cuite au soleil, les cailloux brûlés. Heureusement que j'arrive au bord d'une oasis. Odeur végétale forte, d'arbres verts, de paille mouillée et d'humidité qui vient de disparaître. C'est certainement le lit d'un oued dont l'eau s'est enfoncée depuis peu. Malgré les cailloux, c'est un parfum d'argile fraîche et de sous-bois, parfum de vacances quand j'habitais l'Algérie. Bon, le soir tombe, c'est le moment de monter la tente, le lieu est agréable au bord de la piste.

Le lendemain, je continue ma route. Toujours personne, mais je me suis bien rapproché des montagnes. L'odeur est moins agréable, le moteur chauffe un peu, le gazole pue, la voiture souffre. Il lui faut une pause. Le vent dissipe ces remugles de civilisation et s'impose à nouveau celle du désert, brute, de terre chauffée et de cailloux recuits. C'est heureux que je sois parti de bonne heure, la température est encore agréable. Ma halte est de courte durée, une demi-heure maximum.

J'arrive en vue d'un village. Un peu à l'écart, un enclos où ruminent des chameaux. Oui, c'est vrai, je ne suis pas en Algérie, mais au Tadjikistan ! Ce ne sont pas des dromadaires, mais des chameaux à deux bosses, moins élégants. Cependant l'odeur du crottin et surtout de leur urine qui imprègne la terre est bien la même, violente mais sans agressivité, naturelle, presque fauve, qui me fait penser aux cirques de mon enfance et aux voyages dans le Sahara. Ce n'est pas désagréable, le souvenir certainement s'en mêle et enjolive !"

 

 

"Bourricot

Heureusement que tu es là, mon bourricot, car la route va être longue !

Fais bien attention où tu poses tes sabots, hein, tu te rappelles, la dernière fois, tu as glissé et on s’est fait une de ces peurs tous les deux ! Tu n’as rien eu de cassé finalement et bien que tu aies un peu boité au début, tu t’es vite rétabli dans la montée suivante.

Ils nous attendent là-haut, tu le sais, alors, tu veux que je te raconte ce qu’on leur apporte ?

Comme c’est toi qui portes, tu as bien le droit de savoir ce que tu as sur le dos ! 

Un sac de jute plein d’ananas, parce qu’en haut du cirque, il fait trop froid pour que ça pousse. Tu le sens, le sucre du jus ? Je les ais pris bien mûrs cette fois par ce que je sais qu’ils les aiment comme ça, même un peu avancés, tu vois ? Si tu veux je leur demanderai de te garder les écorces. Je sais que ça te régale, toi, plus que le fruit.

Heureusement qu’on ne croise personne, il y en aurait pour se moquer de moi parce qu’ils penseraient que je parle tout seul ! Mais je ne parle pas tout seul, je te parle à toi, mon compagnon de piste… Depuis le temps qu’on monte ravitailler les villageois de là-haut, ils t’ont adopté toi aussi,  si essentiel à leur survie.

De l’autre côté des ananas, un sac plein de noix de coco. Ils vont pouvoir la râper pour la mettre dans leurs plats de tous les jours : poulet-coco, lentilles-coco… Tu sais, la cuisine réunionnaise lui fait une place de choix !

Bon, toi, la coco, c’est pas ton truc mais quand on manquera d’eau sur le parcours, je pourrai toujours te faire boire l’eau de coco en attendant de plonger ta tête dans le bassin là-haut. J’en ai pris quelques fraîches, bien vertes.

Tu le sens le savon ? Moi ça m’emboucane un peu, c’est tellement fort !

Ils en ont commandé, il faut bien que je leur en apporte. Tu te rappelles qu’ils font la lessive à l’ancienne, là-haut, pas de machine à laver, non, dans des bassines ! Et vas-y que je te frotte ! Mais tu vois bourricot, moi, je les envie un peu, parce que les draps lavés au savon et séchés en plein air, j’adore m’y coucher, respirant à plein nez l’odeur de frais, c’est pas comme ces lessives qui t’asphyxient !

Allez, petit arrêt à la cascade, tu l’as bien mérité ! Tu sens cette odeur de mousse ? Qu’on est bien à l’ombre et au frais !

Oui, tu peux la goûter, pas de problème ! Bois tout ton saoul !La montée est encore longue !

Faut quand-même qu’on s’y remette avant que le soleil ne chauffe trop !

Y a encore quelque chose que tu portes et que je ne t’ai pas raconté : les lentilles ! Tu sais qu’ils en cultivent de bonnes, là-haut ? C’est même leur spécialité ! On leur monte les graines et dans quelques mois, quand ils les auront récoltées, on redescendra les lentilles une fois séchées au soleil, et on les vendra pour eux au marché de Saint Pierre. Je te ferai goûter un plat de lentilles, tu ne peux pas passer à côté tout de même, le plat réunionnais par excellence !

Ah ! dis-donc tu sens qu’on est près d’arriver, toi ! Tu accélères !

Je me suis toujours demandé comment tu sentais qu’on arrive ? 

A la fraîcheur de la température qui baisse au fur et à mesure de la montée ?

A la transformation du paysage ?

Aux odeurs du village que tu perçois avant moi ?

Dans une autre vie, j’aimerais être un âne réunionnais, alors je saurais !"

 

Merci à Stéphanie de nous avoir accompagnées pendant ces deux années, et pour celles qui le souhaitent, elles peuvent continuer avec toi en visio-conférence , un mercredi soir tous les quinze jours de 19 h 30 à 21 h 30 !

 

Réservations et informations par mail: annabellelena@gmail.com 

site  :  Annabella (cliquez sur le lien)

 



29/05/2022
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 127 autres membres