Les anciens du TRAIT d'UNION. MIMET

Les anciens du TRAIT d'UNION.            MIMET

Il avait plu tout le dimanche

Compte rendu café des lecteurs n°45 – 5 mars 2022

 

Nous avons commencé ce café des lecteurs par la lecture d’extraits de « Il avait plu tout le dimanche » Philippe Delerm  (1998). Un petit bijou d’écriture !

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"Revoir Paris." Arrivé à la gare du Nord, monsieur Spitzweg se surprend à siffloter la chanson de Trenet. Ah oui ! Finalement, c'est surtout pour ça qu'il est parti. Dans la rumeur de sept heures du matin, une grande bouffée de Paris lui monte au coeur, et c'est plus fort que toutes les vagues de la mer du Nord. Il prend un café sur le zinc, dans les annonces des haut-parleurs "Le T.G.V. 2525 à destination de Bruxelles partira de la voie 8..."

Mais on peut bien parler d'ailleurs, Arnold sait désormais qu'il est ici. Cette désinvolture du serveur, l'odeur des journaux frais, un je-ne-sais-quoi de parisien dans l'arôme du café... Monsieur Spitzweg reprend sa valise et hume les couloirs du métro comme un jardin d'essences rares. Les carreaux de faïence, la couleur des affiches, tout lui plaît. Dans le wagon qui le ramène à Guy-Môquet, il y a un Noir avec un gros vélo rouillé auquel il manque une pédale. "

 

Et ensuite chacun a partagé un ou plusieurs coups de cœur de lectures :

-          « Un trader ne meurt jamais » Marc Fiorentino (2009)

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Un thriller en temps réel pour une plongée hallucinante au coeur du cataclysme financier.

Après avoir touché le fond en 1990, Sam Ventura, trader, joue sa vie sur un coup énorme : l’éclatement de la « bulle » pétrolière... Mais le pétrole ne baisse pas. Et la tentation monte: Sam fera-t-il appel à Eva ? Femme fatale qu’il a chassée de sa vie, Eva est trader elle aussi, mais du côté sombre des marchés : délits d’initiés, confidences sur canapé, tricheries en tous genres. Difficile de lui résister, pourtant, surtout quand elle revient lui proposer d’entrer dans une manipulation financière à l’échelle de la planète...

Démythifier, démystifier la spéculation boursière : Marc Fiorentino a réussi son pari. Au-delà du suspense, au-delà des révélations, la clarté de ses descriptions a une vertu : elle fournit les clés pour comprendre la crise actuelle et les dangers de la financiarisation excessive de l’économie : subprimes, effets de levier imprudents, opacité des montages et propagation en chaîne des faillites... Le tableau est sombre mais, par-dessous, irrépressible et dévorante, perce la fascination du joueur pour le jackpot.

Marc Fiorentino sait de quoi il parle. Il a dirigé des équipes de traders et de financiers pendant plus de vingt-cinq ans. Sa passion pour la finance est communicative, ses explications des mécanismes les plus complexes compréhensibles. Intrigue nerveuse, rebondissements adroitement préparés, personnages dessinés en contrastes violents...

Recommandé par Christian

 

-          « La légende noire des soldats du midi » Jean-Yves Le Naour (2011)

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Le 21 août 1914, près de Nancy, le XXe corps, un bataillon lorrain, et le XVe, composé en majorité de soldats marseillais, se voient confrontés à un terrible tir de barrage de l'artillerie allemande. En quelques heures, les troupes engagées sont décimées : dans certaines compagnies, on compte 80 % de pertes. Dans ces premières semaines de guerre où tout se joue, l'État-major et le gouvernement cherchent des boucs émissaires. Ce seront les soldats du Midi. En pleine Union sacrée, l'antagonisme resurgit, viscéral, entre la France du nord et celle du Sud, nourri de préjugés racistes issus du XIXe siècle et diffusés jusque dans la littérature populaire comme en témoigne la figure de Tartarin de Tarascon. L'affaire du XVe corps empoisonnera les esprits pendant toute la durée du conflit, provoquant à Paris interpellations à la Chambre, démissions et règlements de comptes politiques, et dans les tranchées humiliations, persécutions, voire exécutions arbitraires contre des combattants accusés d'être, par nature, de mauvais patriotes.

Jean-Yves Le Naour, est professeur en classes préparatoires à Aix-en-Provence, spécialiste de la Première Guerre mondiale et de l'entre- deux guerres.

Recommandé par Christian

 

-          « L’affaire Toutankhamon » Christian Jacq (1992)

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Au début du siècle, un jeune pharaon inconnu repose depuis des millénaires, sous son masque d'or, dans les ténèbres d'un tombeau qui était resté inviolé. Il s'appelle Toutankhamon. Deux hommes vont l'arracher à l'oubli et tenter de résoudre son énigme.
Trahisons, jalousies : l'affaire Toutankhamon commence, sur laquelle plane une étrange malédiction. Elle se poursuivra durant un demi-siècle de drames, de folies et d'épisodes hallucinants.

Recommandé par Françoise D.

 

-          « Miroir de nos peines » Pierre Lemaitre (2020) (3ième opus de la trilogie des » enfants du désastre »)

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Avril 1940. Louise, trente ans, court, nue, sur le boulevard du Montparnasse. Pour comprendre la scène tragique qu’elle vient de vivre, elle devra plonger dans la folie d’une période sans équivalent dans l’histoire où la France tout entière, saisie par la panique, sombre dans le chaos, faisant émerger les héros et les salauds, les menteurs et les lâches... Et quelques hommes de bonne volonté.

Il fallait toute la verve et la générosité d’un chroniqueur hors pair des passions françaises pour saisir la grandeur et la décadence d’un peuple broyé par les circonstances.
Secret de famille, grands personnages, puissance du récit, rebondissements, burlesque et tragique… Recommandé par Evelyne

 

-          « La vie aux aguets » William Boyd (2006)

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Sénilité précoce, paranoïa ? Comment ne pas y penser quand, par un jour de canicule de l'été 1976, votre mère, si anglaise et si digne, vous annonce tout de go qu'elle est en réalité Eva Delectorskaya, une émigrée russe et une ex-espionne de haut vol ? Et pourtant, Ruth Gilmartin doit s'y résoudre : tout est vrai. Depuis trente et quelques années, pour tenter de retrouver la sécurité, Sally-Eva a échafaudé avec soin le plus vraisemblable des mensonges. Au fil de la lecture du manuscrit que lui remet sa mère, Ruth — revenue d'Allemagne pour terminer sa thèse à Oxford et y élever son petit garçon — voit sa vie basculer.
À qui se fier ? À personne, justement, comme le voulait la règle numéro 1 de Lucas Romer, le séduisant mentor d'Eva dans les Services Secrets britanniques. Et si Eva se découvre maintenant, c'est contrainte par la nécessité absolue d'obtenir l'aide de sa fille pour accomplir sa dernière mission : régler enfin son compte à un passé qui, du Nouveau-Mexique à un petit village anglais perdu, s'acharne à vouloir rattraper une vie déjà habitée par la peur. Une vie aux aguets. Sur fond de conflit mondial et de manipulations internationales, mais aussi une magnifique histoire d'amour et de trahison racontée par le plus doué des romanciers anglais contemporains.

Recommandé par Anne et Catherine

 

-          « Anéantir » Michel Houellebecq (2021)

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Anéantir commence comme un thriller politique mâtiné de très proche anticipation (on est en 2027). Il raconte l'histoire de Paul Raison, un énarque presque quinquagénaire au service de Bruno Juge, ministre de l'Economie et des Finances (inspiré par Bruno Le Maire ?) lancé dans une campagne présidentielle en soutien au candidat de la majorité, un ancien animateur de télé. 

Michel Houellebecq décrit un monde en déclin, sans espoir, sombre et mélancolique, dans lequel surgissent pourtant des moments de grâce, de bonheur, apparaissant ici ou là, dans les trajectoires de ses personnages, le plus souvent sous les traits de l'amour. Dans Anéantir, le personnage principal, Paul, est marié, sans enfants, et ne partage plus rien depuis des années avec sa femme Prudence, si ce n'est leur appartement du 12e arrondissement, où ils ont chacun leur chambre et leur rayon dans le réfrigérateur. C'est pourtant dans cette relation réduite à rien, dans cette terre si longuement restée en friche, que va germer à nouveau l'amour.

Recommandé par Patrick pour ceux qui voudraient découvrir Houellebecq

 

-          « En attendant Bojangles » Olivier Bourdeaut (2016)

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Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur l’air de «Mr. Bojangles» de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis.

Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mlle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères.

Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte.

L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom.

L’optimisme des comédies de Capra, allié à la fantaisie de "L’Écume des jours"

Recommandé par Marie-Cécile et Catherine

 

 

-          « Ton absence n’est que ténèbres » Jon Kalman Stefansson (2020)

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Un homme se retrouve dans une église, quelque part dans les fjords de l’ouest, sans savoir comment il est arrivé là, ni pourquoi. C’est comme s’il avait perdu tous ses repères. Quand il découvre l’inscription « Ton absence n’est que ténèbres » sur une tombe du cimetière du village, une femme se présentant comme la fille de la défunte lui propose de l’amener chez sa sœur qui tient le seul hôtel des environs. L’homme se rend alors compte qu’il n’est pas simplement perdu, mais amnésique : tout le monde semble le connaître, mais lui n’a aucune souvenir ni de Soley, la propriétaire de l’hôtel, ni de sa sœur Runa, ou encore d’Aldis, leur mère tant regrettée.

Petit à petit, se déploient alors différents récits, comme pour lui rendre la mémoire perdue, en le plongeant dans la grande histoire de cette famille, du milieu du 19ème siècle jusqu’en 2020. Aldis, une fille de la ville revenue dans les fjords pour y avoir croisé le regard bleu d’Haraldur ; Pétur, un pasteur marié, écrivant des lettres au poète Hölderlin et amoureux d’une inconnue ; Asi, dont la vie est régie par un appétit sexuel indomptable ; Svana, qui doit abandonner son fils si elle veut sauver son mariage ; Jon, un père de famille aimant mais incapable de résister à l’alcool ; Pall et Elias qui n’ont pas le courage de vivre leur histoire d’amour au grand jour ; Eirikur, un musicien que même sa réussite ne sauve pas de la tristesse – voici quelques-uns des personnages qui traversent cette saga familiale hors normes. Les actes manqués, les fragilités et les renoncements dominent la vie de ces femmes et hommes autant que la quête du bonheur. Tous se retrouvent confrontés à la question de savoir comment aimer, et tous doivent faire des choix difficiles.

Ton absence n’est que ténèbres frappe par son ampleur, sa construction et son audace : le nombre de personnages, les époques enjambées, la puissance des sentiments, la violence des destins – tout semble superlatif dans ce nouveau roman de Jón Kalman Stefánsson. Les récits s’enchâssent les uns dans les autres, se perdent, se croisent ou se répondent, puis finissent par former une mosaïque romanesque extraordinaire, comme si l’auteur islandais avait voulu reconstituer la mémoire perdue non pas d’un personnage mais de l’humanité tout entière. Le résultat est d’une intensité incandescente.

Recommandé par Françoise B.

 

-          « La nature exposée » Erri de Luca (2017)

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Dans un petit village au pied de la montagne, un homme, grand connaisseur des routes qui permettent de franchir la frontière, ajoute une activité de passeur pour les clandestins à son métier de sculpteur. C'est ainsi qu'il attire l'attention des médias. Il décide alors de quitter le village. Désormais installé au bord de la mer, il se voit proposer une tâche bien particulière : restaurer une croix de marbre, un Christ vêtu d'un pagne.

Réflexion sur le sacré et le profane, sur la place de la religion dans nos sociétés, « La nature exposée » est un roman dense et puissant, dans lequel Erri De Luca souligne plus que jamais le besoin universel de solidarité et de compassion.

Recommandé par Françoise B.

 

-          « La décision » Karine Tuil (2022)

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Mai 2016. La juge Alma Revel doit se prononcer sur le sort d'un jeune homme suspecté d'avoir rejoint l'État islamique en Syrie. À ce dilemme professionnel s'en ajoute un autre, plus intime : mariée, Alma entretient une liaison avec l'avocat qui représente le mis en examen. Entre raison et déraison, ses choix risquent de bouleverser sa vie et celle du pays...
Karine Tuil nous entraîne dans le quotidien de juges d'instruction antiterroristes, au cœur de l'âme humaine, dont les replis les plus sombres n'empêchent ni l'espoir ni la beauté.

Recommandé par Dominique et Catherine

 

-          « Le restaurant de l’amour retrouvé » (2013) et « La papeterie Tsubaki » (2021). Ito Ogawa

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« Le restaurant de l’amour retrouvé » : Une jeune femme de vingt-cinq ans perd la voix à la suite d’un chagrin d’amour, revient malgré elle chez sa mère, figure fantasque vivant avec un cochon apprivoisé, et découvre ses dons insoupçonnés dans l’art de rendre les gens heureux en cuisinant pour eux des plats médités et préparés comme une prière.
Rinco cueille des grenades juchée sur un arbre, visite un champ de navets enfouis sous la neige, et invente pour ses convives des plats uniques qui se préparent et se dégustent dans la lenteur en réveillant leurs émotions enfouies.

Un livre lumineux sur le partage et le don, à savourer comme la cuisine de la jeune Rinco, dont l’épice secrète est l’amour. Un petit chef-d’œuvre gastronomique et littéraire

 

« La papeterie Tsubaki» : Hatoko a vingt-cinq ans et la voici de retour à Kamakura, dans la petite papeterie que lui a léguée sa grand-mère. Le moment est venu pour elle de faire ses premiers pas comme écrivain public, car cette grand-mère, une femme exigeante et sévère, lui a enseigné l'art difficile d'écrire pour les autres.

Le choix des mots, mais aussi la calligraphie, le papier, l'encre, l'enveloppe, le timbre, tout est important dans une lettre. Hatoko répond aux souhaits même les plus surprenants de ceux qui viennent la voir : Elle calligraphie des cartes de vœux, rédige un mot de condoléances pour le décès d'un singe, des lettres d'adieu aussi bien que d'amour. A toutes les exigences elle se plie avec bonheur, pour résoudre un conflit, apaiser un chagrin.
Et c'est ainsi que, grâce à son talent, la papeterie Tsubaki devient bientôt un lieu de partage avec les autres et le théâtre de réconciliations inattendues.

Recommandés par Marie-Cécile et Catherine

 

-          « Crions, c’est le jour du fracas » Héloïse Gay De Belissen (2021)

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1866, dans une colonie pénitentiaire pour mineurs, sur l'île du Levant, en face de Hyères, une révolte se termine par la mort de 13 enfants lors d'un incendie. 130 ans plus tard, à l'époque de Kurt Cobain et des Pixies, à quelques encablures de là, une bande d'adolescents de La Seyne sur mer, qui peinent à trouver leur place dans le monde, se préparent à un destin tragique. Comment, à l'adolescence, se rebeller contre son sort sans s'autodétruire ?
Pour raconter la révolte des enfants du bagne de l'île du Levant Héloïse Guay de Bellissen est allée fouiller les archives de Draguignan. Et elle a écrit un roman historique à sa manière. En donnant une voix aux jeunes colons, victimes et bourreaux. Et en faisant parler le feu qui les a consumés. Elle a même écrit un roman doublement historique. Car elle a voulu raconter en parallèle, à travers l'histoire de sa bande, le sort de sa génération. Quelques garçons et quelques filles qui ont grandi à La Seyne-sur-mer, juste en face de l'île du Levant, durant les années 90, et qui, ont connu, eux aussi, un destin tragique, parce qu'ils n'acceptaient pas le rôle formaté qu'on leur avait assigné...

Dans les deux cas, des enfants, qui n'ont rien à perdre parce qu'ils n'ont rien dès le départ, essaient par leurs propres moyens de choisir leur destinée, alors qu'on voudrait en faire des adultes intégrés et malléables.

Recommandé par Catherine (et la sélection de « Parcours en livres » proposée par la Bibliothèque Méjanes – Aix)

 

Prochain café des lecteurs : samedi 2 avril



12/03/2022
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