Et si on reparlait du Cercle des poètes disparus
Compte-rendu café des lecteurs n°47 - 7/05/22
Nous avons commencé nos partages de coups de coeur par la lecture d’extraits du livre :
- « Le répondeur » Luc BLANVILLAIN 2020
Baptiste sait l'art subtil de l'imitation. Il contrefait à la perfection certaines voix, en restitue l'âme, ressuscite celles qui se sont tues. Mais voilà, cela ne paie guère. Maigrement appointé par un théâtre associatif, il gâche son talent pour un quarteron de spectateurs distraits. Jusqu'au jour où l'aborde un homme assoiffé de silence. Pas n'importe quel homme, Pierre Chozène. Un romancier célèbre et discret, mais assiégé par les importuns, les solliciteurs, les mondains, les fâcheux. Chozène a besoin de calme et de temps pour achever son texte le plus ambitieux, le plus intime. Aussi propose-t-il à Baptiste de devenir sa voix au téléphone. Pour ce faire, il lui confie sa vie, se défausse enfin de ses misérables secrets, se libère du réel pour se perdre à loisir dans l'écriture. C'est ainsi que Baptiste devient son répondeur. A leurs risques et périls.
Recommandé par Catherine : Tout simplement réjouissant !
- « A la mesure de l’univers » Jon Kalman STEFANSSON 2017
« Et maintenant, il est trop tard, répond Ari, pétri de remords. Anna esquisse un sourire, elle lui caresse à nouveau la main et lui dit, quelle sottise, il n’est jamais trop tard tant qu’on est en vie. Aussi longtemps que quelqu’un est vivant .»
Après plusieurs années d'absence, Ari rentre en Islande. Il est devenu éditeur et a récemment quitté sa femme. À Keflavík, la neige recouvre tout mais les souvenirs affleurent. Dans ce village de pêcheurs interdits d’océan, marqué par la présence d’une base militaire américaine, Ari retrouve de vieilles connaissances. Lâchetés, trahisons et amours du passé resurgissent alors que le père d’Ari se meurt. Poursuivant le diptyque commencé avec « D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds », Jón Kalman Stefánsson entremêle les destins singuliers des habitants de cette île immuable et mélancolique.
Recommandé par Evelyne et Françoise B. : Magnifique !
- « Le cercle des poètes disparus » N.H KLEINBAUM 1990
À Welton, un austère collège du Vermont, dans les années 1960, la vie studieuse des pensionnaires est bouleversée par l'arrivée d'un nouveau professeur de lettres, M.Keating. Ce pédagogue peu orthodoxe va leur communiquer sa passion de la poésie, de la liberté, de l'anticonformisme, et secouer la poussière des autorités parentale, académique et sociale. Même si un drame met un terme à cette expérience unique, Keating restera pour tous celui qui leur a fait découvrir le sens de la vie.
Recommandé par Françoise : copie conforme du film (1989) dont il a été tiré et écrit ensuite !
- « L’angoisse du roi Salomon » 1979 et « La danse de Gengis Cohn » 1995 Romain Gary - Emile Ajar
« L’angoisse du roi Salomon » Jean est chauffeur de taxi à Paris. Lors d’une course il fait la rencontre de Salomon Rubinstein, tailleur à la retraite qui a fait fortune dans le prêt-à-porter et qui occupe ses vieux jours en venant en aide aux démunis ou à ceux qui crèvent de solitude. Salomon propose à Jean de lui racheter le crédit de son taxi s’il accepte de réaliser quelques visites à domicile pour des personnes dans le besoin.
C’est ainsi que Jean se rend chez Cora Lamenaire, ancienne chanteuse qui a connu son heure de gloire sous l’occupation avant d’être mise au banc de la société à la Libération pour avoir eu une relation avec un allemand. Rapidement, Jean va découvrir que Cora et Salomon se connaissent et partagent une histoire aussi touchante que douloureuse.
« La danse de Gengis Cohn » " Mon nom est Cohn, Gengis Cohn. Naturellement, Gengis est un pseudonyme : mon vrai prénom était Moïché, mais Gengis allait mieux avec mon genre de drôlerie. Je suis un comique juif et j'étais très connu jadis, dans les cabarets yiddish : d'abord au Schwarze Schickse de Berlin, ensuite au Motke Ganeff de Varsovie, et enfin à Auschwitz. [...]
Personnellement, je ne suis pas resté dans ce camp illustre. Je m'en suis miraculeusement évadé, en décembre 1943, Dieu soit loué. Mais je fus repris quelque mois plus tard, par un détachement de SS sous les ordres du Hauptjudenfresser Schatz, que j'appelle Schatzchen
dans l'intimité : un terme câlin qui veut dire " petit trésor ", en allemand. Mon ami est maintenant commissaire de police de première classe, ici, à Licht. [...]
Nous ne nous sommes plus quittés, Schatzchen et moi, depuis cette belle journée d'avril 1944. Schatz m'a hébergé : voilà bientôt vingt-deux ans qu'il cache un Juif chez lui. "
Laurence vous recommande de consommer l’humour de Romain Gary sans modération !
- « Le paradis… un peu plus loin » Mario VARGAS LIOSA 2003
Le 7 avril 1803 naît à Paris la militante féministe et ouvriériste Flora Tristan, fille d'un officier péruvien au service du Roi d'Espagne et d'une bourgeoise parisienne. Un siècle plus tard, le 8 mai 1903, son petit-fils, Paul Gauguin, meurt seul et presque aveugle dans sa case des îles Marquises. Le curieux rapport entre les deux dates, tout comme les liens de parenté entre le peintre et l'activiste politique, ne sont ici que le point de départ d'un récit qui met en scène leurs vies parallèles et leur destin commun. Sous la plume de Mario Vargas Llosa, Flora Tristan et Paul Gauguin deviennent Flora et Paul - Florita l'Andalouse et Koké le Maori -, deux êtres libertaires, passionnés et profondément humains, mais hantés par une quête de l'absolu qui leur donne une dimension tragique. Ils iront jusqu'au bout de leurs rêves et ils paieront cher leur audace. Pourtant, leur chute semble aussi admirable que leur envol, car elle est porteuse d'espoir. Ce roman nous dit que le paradis qu'ils cherchaient se trouve toujours un peu plus loin, mais il le fait dans une langue qui nous le rend très proche : celle des grandes utopies politiques et artistiques qui ont marqué les temps modernes.
Recommandé par Laurence qui s’est passionnée pour ce livre très instructif sur la vie de Flora Tristan et Paul Gauguin
« Les âmes grises » 2003 et « Le rapport de Brodeck » 2007 Philippe CLAUDEL
« Les âmes grises » : Une jeune enfant est retrouvée morte, assassinée sur les berges engourdies par le gel d’un petit cours d’eau. Nous sommes en hiver 1917.
C’est la Grande Guerre. La boucherie méthodique. On ne la voit jamais mais elle est là, comme un monstre caché. Que l’on tue des fillettes, ou que des hommes meurent par milliers, il n’est rien de plus tragiquement humain.
Qui a tué Belle de Jour ? Le procureur, solitaire et glacé, le petit Breton déserteur, ou un maraudeur de passage ?
Des années plus tard, le policier qui a mené l’enquête, raconte toutes ces vies interrompues: Belle de jour, Lysia l’institutrice, le médecin des pauvres mort de faim, le calvaire du petit Breton... Il écrit avec maladresse, peur et respect. Lui aussi a son secret.
Les âmes grises sont les personnages de ce roman, tout à la fois grands et méprisables. Des personnages d’une intensité douloureuse dans une société qui bascule, avec ses connivences de classe, ses lâchetés et ses hontes.
« Le rapport de Brodeck » est une sorte de parabole, de fable. L’action se déroule dans un village de montagne, possiblement situé près de la frontière allemande. Le narrateur, Brodeck, est chargé de rédiger un rapport sur la mort d'un étranger, qui séjournait dans le village. Son exécution par tous les hommes du village, excepté Brodeck, est un miroir de ce qu’ils sont vraiment, au-delà des apparences et des statuts sociaux. Il leur renvoie leur lâcheté et leurs trahisons, leurs compromissions avec l'occupant de la guerre passée et cela, ils ne peuvent pas l'accepter.
Brodeck lui-même a, pendant la guerre, été déporté dans un camp de concentration. Les gens du village l’ont eux-mêmes désigné pour « acheter leur tranquillité » avec l’occupant. Le récit que fait Brodeck, par petites touches, de sa déportation, suit le canevas des récits des déportés - même violence, même mépris de la vie et des déportés, même retour au pays plus mort que vif devant les habitants médusés et gênés.
Recommandés par Françoise D. avec une préférence pour « Les âmes grises ».
- « Dans le silence du vent » 2015 « Celui qui veille » 2022 Louise ERDRICH
« Dans le silence du vent » : Récompensé par la plus prestigieuse distinction littéraire américaine, le National Book Award, élu meilleur livre de l'année par les libraires américains, ce roman de Louise Erdrich explore avec une remarquable intelligence la notion de justice à travers la voix d'un adolescent indien de treize ans. Après le viol brutal de sa mère, Joe va devoir admettre que leur vie ne sera plus jamais comme avant. Il n'aura d'autre choix que de mener sa propre enquête. Elle marquera pour lui la fin de l'innocence.
«Si ce livre est une sorte de croisade, galvanisée par la colère de l'auteur, c'est aussi une œuvre littéraire soigneusement structurée, qui une fois encore rappelle beaucoup Faulkner.»
« Celui qui veille » : Dakota du Nord, 1953. Thomas Wazhashk, veilleur de nuit dans l’usine de pierres d’horlogerie proche de la réserve de Turtle Mountain, n’est pas près de fermer l’œil. Il est déterminé à lutter contre le projet du gouvernement fédéral censé « émanciper » les Indiens, car il sait bien que ce texte est en réalité une menace pour les siens.
Contrairement aux autres jeunes employées chippewas de l’usine, Pixie, la nièce de Thomas, ne veut pour le moment ni mari ni enfants. Pressée de fuir un père alcoolique, insensible aux sentiments du seul professeur blanc de la réserve comme à ceux d’un jeune boxeur indien, elle brûle de partir à Minneapolis retrouver sa sœur aînée, dont elle est sans nouvelles.
Pour « celui qui veille », n’ayant de cesse d’écrire aux sénateurs dans le but d’empêcher l’adoption de la loi, quitte à se rendre lui-même à Washington, comme pour Pixie, qui entreprend le premier voyage de sa jeune existence, un long combat commence. Il va leur révéler le pire, mais aussi le meilleur de la nature humaine.
Inspirée par la figure de son grand-père maternel, qui a lutté pour préserver les droits de son peuple, Louise Erdrich nous entraîne dans une aventure humaine peuplée de personnages inoubliables. Couronné par le prix Pulitzer, ce majestueux roman consacre la place unique qui est la sienne dans la littérature américaine contemporaine.
Chaudement recommandés par Anne et Catherine, ainsi que les autres livres de cette auteure américaine (dont un grand-père était allemand – et dont elle raconte l’arrivée en Amérique dans « La chorale des maitre-bouchers » - et l’autre amérindien, ce qui l’a construite dans une grande richesse de différences, dit-elle) si vous voulez connaître un peu mieux la vie et les luttes des amérindiens.
- « Serena » de Ron RASH 2011
L’héroïne, Séréna, sorte de Lady Macbeth des années 1930, est l’épouse de George Pemberton, riche et puissant exploitant forestier, dans les Smoky Mountains de Caroline du Nord. Ces deux-là sont des prédateurs, prêts à tout pour faire fructifier leur entreprise dont l’objectif est de couper tous les arbres à portée de leur main. Une ambition que vient menacer le projet d’aménagement d’un parc national, pour lequel l’État convoite leurs terres. Pemberton met sa fortune à contribution pour soudoyer tous les banquiers et politiciens qu’il faut, et Serena n’hésite pas à manier fusil et couteau pour éliminer les obstacles humains.
Ambitieuse et intrépide, Serena fascine son mari et ses employés, pour lesquels elle n’éprouve aucune compassion. Et pourtant chaque jour apporte son lot de blessés, voire de morts, tant le métier de bûcheron est dangereux en soi et la nature alentour hostile, quoique magnifique.
Le roman prend des allures de thriller lorsqu’elle poursuit de sa haine implacable le fils naturel que Pemberton a engendré avant son mariage et qu’il semble vouloir protéger. Sa fureur vengeresse ira très loin…
Recommandé par Anne et Catherine, un bon roman social américain comme on les aime !
Prochain café des lecteurs le samedi 11 juin
et d’ici-là faites de Belles lectures !
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