COMPTE RENDU CAFE DES LECTEURS 4 - 21/01/17
Les intempéries et les mauvais microbes ont un peu décimé nos rangs cette fois-ci mais ils ne nous ont pas empêchés d’échanger nos coups de cœur, en pensant aux absents…
On a commencé, comme à notre habitude maintenant, par la lecture de deux nouvelles de Marie-Sabine Roger « Les mariés » et « La parenthèse » que nous vous conseillons chaudement de lire dans le recueil de nouvelles intitulé « Il ne fait jamais noir en ville » 2016 chez Actes Sud.
Nous vous conseillons également ses romans (dont deux au moins ont été adaptés au cinéma « La tête en friche », « Bon rétablissement ») mais aussi « 36 chandelles » ou « Vivement l’avenir » ou encore le dernier « Dans les prairies étoilées ». C’est frais, léger, plein d’humour et les relations humaines y sont finement analysées.
Comme nous en avions convenu, un « classique » a été présenté par un lecteur qui reste encore ému aujourd’hui de cette lecture de son adolescence. Il s’agit du « Vicomte de Bragelonne » (1850) d’Alexandre Dumas (père). Il constitue le 3ème tome de la trilogie qui commence par « Les trois mousquetaires » (1844) et « 20 ans après » (1845).
Notre lecteur passionné nous a lu un extrait : la langue est belle, accessible et ne semble pas avoir vieilli. Il en conseille une lecture aux enfants d’aujourd’hui, chapitre par chapitre comme un feuilleton, ce qui est d’ailleurs la forme initiale dans laquelle Dumas écrivait dans les journaux de l’époque (nous avons vécu à cette occasion un moment de type café histoire!)
Puis les coups de cœur se sont échangés :
En hommage à Michel Déon, académicien, décédé fin décembre, une grande partie de sa bibliographie a été évoquée et son livre « Les poneys sauvages » a été chaudement recommandé (et prêté à qui l’a voulu). Paru en 1970, il raconte l’histoire d’une amitié indestructible entre le narrateur et quatre hommes dont les destins se croisent depuis leurs études dans une université anglaise. Ils sont à la fois poètes, globe-trotters, agents secrets et traversent la seconde guerre mondiale, la guerre d’Algérie et la guerre froide. L’action se déroule de l’Angleterre à la Grèce, en passant par l’Irlande, l’Italie, l’Union soviétique ou le Yémen. Admiration, compétition, rivalité, estime, pudeur et fidélité lient les 5 personnages principaux.
Sont également connus de cet auteur très prolixe par ailleurs, « Un taxi mauve », « le jeune homme vert » suivi de « les vingt ans du jeune homme vert »
« La fille du train » Paula Hawkins 2015
Depuis la banlieue où elle habite, Rachel prend le train deux fois par jour pour aller et revenir de Londres. Chaque jour elle est assise à la même place et observe une jolie maison. Elle a même donné un nom à ses occupants qu'elle aperçoit derrière la vitre : Jason et Jess. Un couple qu'elle imagine parfait, heureux, comme Rachel a pu l'être par le passé avec son mari, avant qu'il ne la trompe, avant qu'il ne la quitte. Mais un matin, elle découvre un autre homme que Jason à la fenêtre. Que se passe-t-il ? Jess tromperait-elle son mari? Quelques jours plus tard, c'est avec stupeur qu'elle découvre la photo de Jess à la une des journaux. La jeune femme, de son vrai nom Megan Hipwell, a mystérieusement disparu...
Ce thriller exceptionnel connaît un succès incroyable depuis sa sortie. 1er des ventes aux Etats-Unis, en Angleterre et au Canada, traduit en plus de 26 langues, il est en cours d'adaptation cinématographique.
« L’amour et les forêts » Eric Reinhardt 2016. L’auteur raconte que son héroïne, Bénédicte Ombredanne avait voulu le rencontrer pour lui dire combien son dernier livre avait changé sa vie. Une vie sur laquelle elle fit bientôt des confidences à l'écrivain, l'entraînant dans sa détresse, lui racontant une folle journée de rébellion vécue deux ans plus tôt, en réaction au harcèlement continuel de son mari. La plus belle journée de toute son existence, mais aussi le début de sa perte. Récit poignant d'une tentative d'émancipation féminine, L'amour et les forêts est un texte fascinant, où la volonté d'être libre se dresse contre l'avilissement.
« L’opticien de Lampedusa » Emma-Jane Kirby 2016. La cinquantaine, l'opticien de Lampedusa est un homme ordinaire. Avec sa femme, il tient l'unique magasin d'optique de l'île. Ils aiment les sardines grillées, les apéros en terrasse et les sorties en bateau sur les eaux calmes autour de leur petite île paradisiaque.
Il nous ressemble. Il est consciencieux, s'inquiète pour l'avenir de ses deux fils, la survie de son petit commerce. Ce n'est pas un héros. Et son histoire n'est pas un conte de fées mais une tragédie : la découverte d'hommes, de femmes, d'enfants se débattant dans l'eau, les visages happés par les vagues, parce qu'ils fuient leur pays, les persécutions et la tyrannie.
L'opticien de Lampedusa raconte le destin de celui qui ne voulait pas voir. Cette parabole nous parle de l'éveil d'une conscience. Au plus près de la réalité, d'une plume lumineuse et concise, Emma-Jane Kirby écrit une ode à l'humanité.
« Ellynn » Robert Mallet 1985. Aubry quitte Londres et achète une maison isolée sur une des péninsules les plus sauvages d'Irlande, pour retrouver son inspiration de peintre. Il fait connaissance d’une jeune voisine, veuve de trois enfants , qui ne supporte pas son ainée, Ellynn la fille de 7 ans qu'elle a eue d'une première liaison malheureuse. Un jour, Ellynn s'enfuit et demande à Aubry de la garder chez lui. Il ne peut faire autrement que de la prendre en charge,. Il découvre, étonné et heureux, le sentiment paternel mêlé, et la petite fille devient la compagnie la plus douce qui soit, et à laquelle il s'attache fortement . De son côté, Ellynn lui voue une grande tendresse. Mais le village commence à jaser. La situation devient intenable, insoluble. Il faudra pourtant trouver une issue. Elle sera pathétique. Ce roman, écrit dans une langue à la fois rigoureuse et sensible, est imprégné du paysage irlandais aux beautés envoûtantes. Une figure inoubliable en émerge, celle d'une petite fille passionnée, intransigeante, aux confins de l'enfance et de la féminité.
« Chanson douce » Leila Slimani (Prix Goncourt 2016) Tiré d’un fait divers, (un double infanticide dans les beaux quartiers de New York en 2012), Chanson douce happe le lecteur avec une force étonnante qui tient autant à la maîtrise de sa narration qu’à son écriture sèche, clinique, précise. L’auteur remonte le temps et explore les fêlures de Louise, une nounou apparemment parfaite dont le désarroi grandit tout au long du récit, nourri par un sentiment d’impuissance et de rancœur à l’égard de la vie, et sous le regard culpabilisé des parents qui l’ont embauchée pour s’occuper de leurs deux enfants et pour lesquels elle est devenue indispensable pour mener de font leur vie de famille et l’engagement dans leurs activités professionnelles très prenantes.
Bien écrit, bonne montée en suspense, facile d’accès, peut-être à éviter si on est dans la période de sa vie où l’on doit gérer des nounous… ???
Pour ceux d’entre nous qui s’intéressent à l’histoire de l’immigration italienne dans le pays niçois, nous nous sommes recommandés mutuellement :
- Max gallo « la promenade des anglais », « le palais des fêtes » et « la baie des anges »
- Alfred Hart « la porte fausse », «Giotta », La Ginestière », « le pont du Var »
qui sont deux sagas familiales dont on voit évoluer socialement les membres arrivés du Piémont à Nice, de la fin du 19è siècle jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale.
On ne voit plus Nice, ni la cuisine niçoise, du même œil, ensuite !
Après un échange à propos de Michel Onfray, l’une d’entre nous a bien voulu se charger de regarder de près son «Traité d’athéologie » et de nous en parler la prochaine fois, peut-être pour nous aider à y rentrer, ou pas…
Une lectrice avertie a conseillé à nos lecteurs amoureux d’histoire (il y en a plusieurs parmi les fidèles du café des lecteurs) l’auteure Chantal Thomas pour ses romans historiques sur le 18ème siècle entre autres et particulièrement «L’échange des princesses», «Les adieux à la reine » et «Le testament d’olympe ».
Nous avons également évoqué le très beau film « Barry Lyndon », de Stanley Kubrick sorti en 1975 (et oui, cela ne rajeunit pas certains d’entre nous, mais voilà un café des lecteurs qui nous aura permis un véritable échange intergénérationnel (c’est bien dans les objectifs de l’association, non ?) film historique anglo-américain très prenant et magnifique sur le plan esthétique que nous conseillons à tous de voir ou de revoir… adapté du roman « Mémoires de Barry Lyndon » de William Makepeace Thackeray.
Après cela, on s’est dit qu’on pourrait bientôt ouvrir un café du cinéma…
C’est quand on fait le compte rendu qu’on s’aperçoit qu’on a vraiment beaucoup échangé…
Heureuses lectures !
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