Les anciens du TRAIT d'UNION. MIMET

Les anciens du TRAIT d'UNION.            MIMET

"une chambre à soi", pour l'écriture...

Notre premier café d'écriture a eu lieu ce samedi!

Grande curiosité pour la majeure partie du groupe: en quoi cela consiste-t-il? à quoi ça ressemble-t-il?

Nicole Martin, l'animatrice d'atelier d'écriture recommandée par Annabelle, nous a rassurés: bienveillance et liberté seront la base de nos échanges créatifs!

 

Le thème de notre atelier d'aujourd'hui: CUISINER L 'ECRITURE! tout un menu....

 

 Nous échangeons d'abord quelques titres de romans autour de la cuisine...

  Chocolat     Les Cinq Quartiers de l'orange par Harris

 

La Cucina par Prior  La Cucina Seconda - Lily Prior - Livre - 352504 - 1756111   

 

Le restaurant de l'amour retrouvé par Ogawa  Le cuisinier par Suter   La singulière tristesse du gâteau au citron par Bender  Plus haut que la mer par Melandri

 

 

 "Chocolat" de Joanne Harris

À Lansquenet, petit village perdu quelque part en France, mis à part les sempiternels sermons du sombre Reynaud, le curé intégriste de la paroisse, il ne se passe jamais rien. Alors, quand Vianne Rocher et sa fille Anouk décident de s’y installer pour ouvrir une chocolaterie, c’est tout le village qui se met à jaser. Ce qui est assez facile : Vianne n’est pas mariée, elle ne va pas à l’église, et même, elle ose ouvrir sa boutique de délices en plein carême ! Cela fait d’elle la cible idéale pour ce pauvre Reynaud et sa troupe de grenouilles de bénitier. Mais, contre toute attente, Vianne semble très bien s’intégrer dans le village ensorcelé par ses douceurs : ç’en est trop pour ses adversaires, qui vont tout faire pour lui barrer la route, allant jusqu’à la traiter publiquement de sorcière. Mais sur ce point, peut-être n’ont-ils pas tout à fait tort…

 

"Les cinq quartiers de l'orange" Joanne Harris

Cette femme vieillie, qui s'appelle Françoise Simon et qui fait office de narratrice, pourrait révéler un terrible secret. Mais elle ne le fait pas ; pas tout de suite. "Ce n'est pas, hélas, aussi simple que ça", confesse-t-elle au début de ces Cinq quartiers d'orange. Un secret – mais quel secret ? – pourrait se cacher derrière l'aspect si anodin et respectable d'une femme devenue mamie gâteau tenant une petite crêperie sur les bords de la Loire ? Les lourds silences et les bérets enfoncés des vieux sur la place du village ne nous paraissent être au départ que de simples notations folkloriques. Et puis, petit à petit, ces silences s'animent.

 

"La cucina"  de Lily Prior

Dès son enfance, Rosa Fiore trouve le réconfort dans la cuisine familiale. La "Cucina"- le coeur de la luxueuse propriété familiale- représente le lieu où des générations de Fiore ont préparé des somptueux banquets, et où le drame de la vie de famille s'est toujours joué autour de l'antique table. "La Cucina" est une évocation des saisons mystérieuses de la vie

suivi de " la cucina seconda" 

Les drames et les réjouissances alternent dans le petit village sicilien où la famille de Rosa Fiore a toujours vécu et quelquefois, ils coexistent. Car l'Inglese  est de retour...
Entre deux enterrements, un accouchement et les nombreuses célébrations de leurs retrouvailles,  Rosa essaie en vain de faire participer son amant à la cueillette des cerises, des courges, du jasmin, des asperges sauvages. Mais les scorpions guettent, les abeilles s'en mêlent et les frères de Rosa ne doivent pas y être étrangers... D'autant que, lors de la fête du village, l'Inglese vient de plumer aux cartes le pire de ses bandits.
Sensualité et gastronomie, passion et désillusion, un soupçon de mafia sicilienne : on retrouve tous les ingrédients de La Cucina, un chant d'amour sensuel et envoûtant pour la Sicile.

 

"Le restaurant de l'amour retrouvé" d'Ito Ogawa

Une jeune femme de vingt-cinq ans perd la voix à la suite d’un chagrin d’amour, revient malgré elle chez sa mère, figure fantasque vivant avec un cochon apprivoisé, et découvre ses dons insoupçonnés dans l’art de rendre les gens heureux en cuisinant pour eux des plats médités et préparés comme une prière.
Rinco cueille des grenades juchée sur un arbre, visite un champ de navets enfouis sous la neige, et invente pour ses convives des plats uniques qui se préparent et se dégustent dans la lenteur en réveillant leurs émotions enfouies.
Un livre lumineux sur le partage et le don, à savourer comme la cuisine de la jeune Rinco, dont l’épice secrète est l’amour. 

 

"Le cuisinier" de Martin Suter

Licencié du restaurant où il cuisine, Maravan, jeune réfugié tamoul, lance sa propre entreprise, Love Food. Son principe : servir des dîners aphrodisiaques à domicile. Le succès est immédiat, tous les couples en mal de désir se précipitent chez le maître des préparations moléculaires. Mais jour après jour, ses repas érotiques attirent une faune plus étrange ...

 

"La singulière tristesse du gâteau au citron" d'Aimée Bender

Le jour de ses neuf ans, Rose Edelstein mord avec délice dans le gâteau au citron préparé pour célébrer ce moment de fête. S’ensuit une incroyable révélation : elle parvient précisément à ressentir l’émotion de sa mère lorsqu’elle a confectionné le gâteau. Sous les couches de génoise et de crème, Rose perçoit le désespoir. Ce bouleversement va entraîner la petite fille dans une enquête sur sa famille. Car, chez les Edelstein, tous disposent d’un pouvoir embarrassant : odorat surpuissant ou capacité de se fondre dans le décor au point de disparaître. Pour ces superhéros du quotidien, ce don est un fardeau. Chacun pense être affligé d’un mal unique, d’un pouvoir qu’il faut passer sous silence. Comment vivre lorsque les petits arrangements avec la vérité sont impossibles ? Comment supporter le monde lorsqu’une simple bouchée provoque un séisme intérieur?

 

"Plus haut que la mer" de Francesca Melandri

 1979. Paolo et Luisa prennent le même bateau, chacun de son côté, pour se rendre sur l’Île. Mais ce n’est pas un voyage d’agrément, car c’est là que se trouve la prison de haute sécurité où sont incarcérés le fils de Paolo et le mari de Luisa. Ce dernier est un homme violent qui, après un meurtre commis sous le coup de la colère, a également tué un surveillant en prison, tandis que le premier a été reconnu coupable de plusieurs homicides politiques sur fond de révolution prolétarienne. L’homme et la femme ne se connaissent pas, Paolo est professeur de philosophie, mais il n’enseigne plus ; Luisa, elle, est agricultrice et élève seule ses cinq enfants. Elle confectionne des raviolis pour son mari, et els gardiens les jetteront à son arrivée alors qu'elle en a privé sa famille! À l’issue du voyage et de la brève visite qu’ils font au parloir de la prison, ils ne peuvent repartir comme ils le devraient, car le mistral souffle trop fort. Ils passent donc la nuit sur l’Île, surveillés par un agent, Pierfrancesco Nitti, avec qui une étrange complicité va naître. Pour ces trois êtres malmenés par la vie, cette nuit constitue une révélation et, peut-être aussi, un nouveau départ.

 

Première consigne d'écriture:

A la manière de Pierre Dac, imaginons une fausse recette de cuisine humoristique

 

LES CERISES A L'EAU-DE-VIE      

"Voici l'époque où les cerises vont se trouver en abondance sur nos marchés;      

profitons de leur prix abordable pour préparer de délicieuses cerises à l'eau-de-vie.      

Pour cette préparation, employez de préférence la cerise anglaise, la Montmorency, la griotte d'Etampes ou la tardive de Saint-Quentin.      

Enlevez les queues, dénoyautez. Prendre un litre de bonne eau-de-vie à 45° et procédez de la façon suivante :     

absorber une dizaine de cerises d'un seul coup, boire immédiatement la valeur d'un verre à bordeaux d'eau-de-vie     

et continuer ainsi jusqu'à épuisement des cerises et de l'eau-de-vie.     

Cette méthode, qui laisse à la cerise toute sa saveur, évite l'emploi toujours fastidieux des pèse-sirop et des bocaux de verre."

Pierre Dac

 

Voici quelques-unes de nos productions succulentes (autorisées à la publication par leurs auteurs)

 

Gâteau choco-noisette de Géraldine (diététicienne agrée)

 Prenez un tout petit saladier, le plus petit possible

Battez vigoureusement UN œuf  de caille

Ajoutez un soupçon de sucre de régime et une pincée de farine sans gluten

Mélangez vigoureusement

Ajoutez une larmichette de lait écrémé puis 2 pépites de chocolat allégé et 1 noisette

Versez la  pâte dans un plat

Enfournez à 180° pendant 15 mns

Démoulez sur une assiette à café

Dégustez avec parcimonie /recette pour 2 personnes

 

Recette pour être une bonne grand mère

Donner à manger tout ce qui est interdit chez les parents,

Faire de la patatouille avec de la terre et de l'eau,

Se rouler par terre pour imiter le ver de terre,

Inventer des histoires horribles mais toujours avec une belle fin, 

Sucrer les pâtes pour de semblant,

Aimer, rire et jouer.

 

Soupe de la paix

  • Vous prenez un ado pénible
  • Une maman sur les nerfs
  • Placer la maman sur le canapé
  • L’ado dans la cuisine. Il doit cuisiner une crème pour changer la tête de maman
  • Il lui faut :

 - Une casserole

- Un fouet

- De la farine

- Du vin (de préférence rosé) ou du Coca

- Du gel pour cheveux

- Quelque pignon de pins

- Des glaçons

 

  • Laisser cuire jusqu’à épuisement de la maman
  • Servir bien chaude en compagnie

 

RECETTE POUR REUSSIR SA SEMAINE DE SKI

-  Eviter les stations trop haut perchées mauvaises pour le cœur

-  Réserver des cours pour chacun des membres de votre famille afin qu’ils soient bien occupés toute la journée

-  Aller seule et en secret louer et enfiler une paire de skis à votre taille

-  Démarrer pour commencer, sur une absence de pente, une plaine, par exemple

-  Si vous constatez rapidement :

  • Que vous avez l’impression d’être en équilibre instable sur deux aiguilles à tricoter
  • Que vos deux pieds sont parfaitement autonomes et n’évoluent pas dans la même direction,

avant de vous retrouver en grand écart, déchaussez les skis immédiatement car avec la vitesse, quand vous aborderez une pente digne de ce nom, cela pourrait être catastrophique…

-  Rentrez directement à l’appartement et prenez un bon livre, les jambes bien allongées sur le canapé

-  En fin de journée, mettez-vous du far à joues pour avoir la mine éclatante, résultat de tous les exercices physiques que vous (n’)avez (pas) faits      

-  Puis vous pouvez aller rendre les skis chez le loueur avec un grand sourire comblé

-  Et pendant ce moment que vous avez volé au cours de cette journée bien calme, vous aurez  enfin pu  utiliser vos vraies aiguilles à tricoter pour confectionner un bon vêtement chaud pour ....

le prochain séjour au ski

 

Deuxième consigne: à la manière de Maryline Desbiolles dans "La Seiche", mélanger une recette de cuisine avec un souvenir

 

 La seiche par Desbiolles

 

"La seiche" de Maryline Desbiolles

Une femme seule prépare des seiches farcies pour ses invités du soir. Et cuisiner, c'est tout un art. L'art de recevoir, d'offrir, de se mettre en scène et de séduire. Cuisiner c'est sentir, toucher, goûter. Et c'est aussi se plonger dans ses souvenirs d'enfance, ses désirs ou ses peurs... La nostalgie a parfois un goût d'huile d'olive et de confiture de tomates vertes. Un récit pur et poétique, qui se savoure tout doucement.

Tournés et retournés dans le jus de la bouche, les souvenirs sont là dans le vif du sujet."

 

Voilà quelques-unes de nos productions tout aussi émouvantes que succulentes (autorisées à la publication par leurs auteurs)

 

"Sauce tomate"

C’est l’été… finalement. Le jour ensoleillé, chaud. Ce sont les vacances. On ne part pas, pas encore. Papa travaille et nous avons les copines avec qui jouer. Mais surtout il faut « aller choisir les tomates : Roma ».

C’est vendredi, c’est le jour du marché et maman est toute prête, de bonne heure, pour y aller. Il faut arriver les premières pour avoir le meilleur choix. Le vendeur sait qu’aujourd’hui elle ira choisir ses 50 kgs de tomates. Je suis même sûre qu’il les a déjà mis de côté : les meilleures.

Nous trainons. On n’a pas du tout envie de sortir, en plus pour aller au marché. Elle commence à s’énerver.

On n’a pas le choix, on n’a pas l’âge pour rester à la maison seules, donc on sort.

Le tour au marché est vite fait. En effet les tomates étaient déjà prêtes, elle devait seulement les payer et décider l’horaire de la livraison : immédiate.

Nous voilà une demi heure après avec 10 caisses de tomates empilées dans l’entrée.

Chez nous on ne traine pas. On commence « à trier les tomates » . Les plus mûres dans l’évier, les autres à nouveau dans les caisses.

Le parfum commence à se répandre dans la maison. Pour les prochains trois/quatre jours on va sentir la tomate et le basilic : « nettoyer la botte de basilic ».

« Laver les tomates et les couper dans la casserole avec le basilic, les oignons et les carottes. »

En réalité il y a deux voir trois casseroles prêtes sur les feux.

Et le tablier de maman commence être taché. Pour les prochains jours ça sera le même. Chaque jour plus taché. Chaque jour plus tomate.

Elle est souriante. Elle est heureuse. Elle est infatigable. Elle devient tomate.

Moi j’adore la tomate. Dès que les tomates entrent à la maison j’ai l’eau à la bouche.

Et chaque fois qu’elle tourne le dos, je vais en piquer une.

Je commence avoir mal au ventre.

« Mettre sur feu doux jusqu’à parfait ecuisson »

 

 "Isabelle"

Isabelle n’avait aucun souvenir d’enfance lié à la cuisine. En effet, sa mère cuisinait surtout utile ; les repas étaient équilibrés car il y avait des poules, des lapins et un jardin potager quand la famille habitait une maison. Ce qui n’était pas toujours le cas, car pour des raisons professionnelles, la famille déménageait en moyenne tous les deux ans.

Mais revenons à la cuisine. Le prix des aliments était aussi un critère important. Petit aparté, ces aliments qui revenaient à l’identique chaque semaine comme la morue, sont aujourd’hui hors de prix.

Bref, aucun souvenir de menus, de recettes, de partage ni avec sa mère ni ses grands-mères, même lors des fêtes familiales.

Rien, le néant.

D’ailleurs Isabelle n’avait jamais participé à l’élaboration d’un plat, ni ses frères et sœurs.

Résultat, arrivée à l’âge adulte, elle ne savait pas cuisiner : cuire des pâtes, un œuf au plat à la rigueur !!!!

Elle se souvenait de ses premières sauces béchamel qu’elle ratait systématiquement et du nombre incalculable de plats qu’elle mettait en route, une compote par exemple, puis les laissait pour aller s’occuper d’autres tâches. Quelquefois, elle arrivait juste à temps pour arrêter le plat et cela donnait une compote exquise, aux dires de ses enfants.

Donc elle aussi faisait une cuisine "alimentaire".

Jusqu’au jour où, grâce à une amie qu’elle avait remerciée pour son excellent repas et qui lui avait répondu : « c’est parce que j’y ai mis tout mon amour », elle comprit que la cuisine pouvait servir à dire à l’autre, aux autres, qu’on les aimait !!!!

Et depuis ce jour, Isabelle cuisine avec amour et fait même preuve d’inventivité !!!

 

Retour de chasse

 

La fierté de ramener ce gibier pour le repas d’anniversaire de la sœur de sa femme illuminait son visage sournois. Il était si heureux de pouvoir passer tout ce temps en cuisine, ne laissant que peu de place, voire aucune, aux femmes de la famille. Il était là, seul et dominant, au milieu de tous ces ustensiles, prêt à s’ attaquer une nouvelle fois à ce pauvre lièvre.

La veille au soir, il avait pris le temps de le faire mariner toute la nuit afin de le rendre, parait-il, plus tendre. Car oui, le gibier n’ était pas à proprement parler la viande préférée de sa belle-sœur . Elle la trouvait trop forte en goût et pas assez fondante et délicate, un peu comme ce cuisinier dont la personnalité tordue laissera quelques traces indélébiles au sein de cette famille.

La vieille cocotte orange Creuset allait être le témoin involontaire de cette mascarade pseudo-gastronomique. Le choix du vin, un Bordeaux fort et prétentieux, accompagne le cuistot tout au long de cette mâtinée de préparation. Il mijote, mijote et se sent pousser des ailes dans cet espace qui lui est d’ habitude interdit. Il retrouve alors cette place de chef qui lui tient tant à coeur, lui qui en est dépourvu.

Place aux légumes maintenant, les parents pauvres de cette fastidieuse recette. D’ ailleurs, le chef est bien trop occupé avec son butin de la veille pour en prendre soin. Epluchage terminé, découpage accéléré, il les jette, non sans un certain dédain, dans la vieille marmite.

La fin de matinée approche, reste à dresser la table, tâche confiée aux femmes, le chef étant bien trop occupé à sa mission du moment.

Il est enfin temps de découvrir le résultat de ce travail acharné et d’apprécier ou non le talent du chef. La belle-sœur goûta, félicita le cuisinier même si ce gibier lui laissa un arrière-goût dans la bouche qui ne la quitterait plus jamais.

 

"Trois femmes puissantes"

Les deux femmes de ma vie sont en tablier. Quelque chose d’important se prépare. Ces derniers jours, on a ramassé ensemble les cassis du jardin. Pour moi c’est facile, les arbustes sont de ma taille. Mes belles cuisinières, elles, se relèvent en se tenant les reins…

J’aime faire éclater quelques grains bien mûrs entre mes doigts qui se tachent aussitôt de noir, ce qui fait naître un sourire sur le visage de la plus âgée au regard si clair.

On décroche la bassine de cuivre du mur où elle est suspendue toute l’année. Elle est trop lourde pour moi. Elles y versent les grains. Il reste quelques feuilles vertes que l’une enlève délicatement.

On allume le feu sous le chaudron et voilà le moment que j’attends : la plus jeune relit la recette écrite soigneusement dans son cahier (dont jamais je ne me séparerai, car son écriture déposée au fil de la vie me raconte mon histoire) « Faire éclater les grains avec un verre d’eau par kilo ».

La première fois, j’attendais des explosions bruyantes, elles riaient toutes les deux de ma déconvenue. Maintenant je suis prévenue, pas de bruit mais une odeur insensée dans l’arrière-cuisine, annonçant le goût que je retrouverai sur mon palais à la première cuillerée de gelée à l’ouverture du pot.

Ca bouillonne. Je monte sur l’escabeau pour voir le clapotis que j’entends.

Attention Mimi !, dit la plus âgée. Je me recule vivement car la vapeur me brûle le visage.

L’une va chercher l’étamine – pas celle d’une fleur, non – le torchon à trame lâche qui va laisser passer le jus et retenir les grains.

C’est la plus expérimentée qui presse l’étamine  de sa main rougie par la chaleur et le jus.

J’apporte le sucre qu’elles pèsent à hauteur du jus extrait. C’est moi qui tourne la grande cuiller en bois qui se colore de rouge.

Attention aux bulles qui s’échappent.

On enlève l’écume qui se forme à la surface d’un geste délicat.

Je demande pourquoi.

Elle nuirait à la prise de la gelée.

Mais récompense, ce pot d’écume fera mon bonheur de tartine acidulée qui chatouillera mon palais.

Allez on empote, disent-elles, et il ne faut pas être empotée pour le faire, je vous le garantis !

La paraffine fondue est coulée sur chaque pot en couvercle hermétique, les ronds de papier sont ajustés avec un élastique et devant la fenêtre, on peut voir le soleil illuminer cette gelée translucide.

Je sais d’où je tiens cet amour de l’étamine et de ses dérivés, les caresser, les assembler…

Mais la « professionnelle de la minceur » qui me poursuit de ses injonctions frustrantes, elle, ne sait pas pourquoi je lui ai dit catégoriquement :

« non, je ne supprimerai pas les confitures maison, ce n’est pas négociable ! »

 

Voilà un groupe d'apprenties écrivantes enchantées de leur matinée et déjà prêtes à recommencer

Merci Nicole et Bravo à toutes!

 



19/03/2019
3 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 127 autres membres