Les anciens du TRAIT d'UNION. MIMET

Les anciens du TRAIT d'UNION.            MIMET

Notre visite à la Glacière et à la maison de la mémoire

 En ce dimanche entre soleil et nuages, une vingtaine d'entre nous ont approfondi leur connaissance de notre patrimoine local.

Rendez-vous au parking de la Tour, nous montons tranquillement à la glacière que nombre d'entre nous ne connaissent que de l'extérieur.

Les commentaires de Françoise nous instruisent sur sa construction, son utilisation, sa rénovation, le commerce de la glace. A l'intérieur, nous pouvons admirer l'architecture de la voute et les 12 m de profondeur qui s'ouvrent devant nous.

 

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 Voici quelques-uns des commentaires de la visite guidée par Françoise , pour ceux qui sont intéressés mais n'ont pu se joindre à nous:

Mimet et sa glacière

Exploitée par Roman et Reboul, elle passera au seigneur de Mimet et d'autres négociants. À la Révolution, elle ne sert plus et n'apparaît plus, ni dans les délibérations municipales, ni chez le ci-devant seigneur !

En 1994, une première restauration. En 2015, après des années d'études, une restauration totale menée par la mairie de Mimet : il fallut vider les pierres, "bordilles", terre sur 4 à 5 mètres d'épaisseur, reprendre la toiture de la "cape de four", la maçonnerie et aménager les abords. Le tout, avec l'aide financière du Conseil Général.

Elle est, aujourd'hui, l'un des fleurons du patrimoine mimétain, à la disposition du public (journée du Patrimoine, écoles, curieux, excursionnistes, visiteurs...).

Elle reste un prototype (première glacière de Provence) et a retrouvé son allure de 1646 !En Provence, la commune de Mimet est la seule à posséder et offrir un ensemble aussi cohérent : de la source au bassin de congélation, à la glacière et, par la route de la glace jusqu'au lieu de vente, la Débite.

La Fabrication de la glace

Pour faire de la glace, il faut de l'eau : au pied de la colline de Mimet, il y a une source, elle coule toute l'année, encore aujourd'hui. Autrefois, son débit était plus fort et elle ne se perdait pas dans la terre. On l'amenait vers un bassin de congélation (environ 10m. x 10m.). Chaque jour d'hiver, on l'emplissait sur 10 cm. de profondeur et la nuit, on laissait le gel se faire : l'eau se prenait en glace.

On brisait la couche et on montait sur la colline pour emplir la glacière où l'on précipitait les morceaux. En bas, des hommes les répartissaient et les battaient avec de gros maillets pour qu'il ne reste pas d'air. Pour colmater les creux, on versait de l'eau qui gelait. Et ainsi, chaque jour. Cet ouvrage durait un mois environ. Il était réalisé par les Mimétains : un chemin descend du village jusqu'à la glacière pour ce travail hivernal. Dans la glacière, la glace était isolée des parois par de l'herbe.

Une fois empli, le bâtiment était fermé soigneusement pour conserver les 300m3 contenus jusqu'à l'été suivant.

Le chemin de la Débite

Dès juin, les chaleurs venues, on prélevait de la glace. En fin de nuit, les Mimétains extrayaient la marchandise pour en charger les bâts des mulets qui venaient d'Allauch : chacun pouvait porter deux quintaux de l'époque (1 quintal=40kg), peut-être un peu plus. La caravane de dix à quinze bêtes montait vers le col Sainte-Anne, passait sous Notre-Dame-des-Anges et continuait, en suivant le chemin des Oratoires qui venaient d'être construits par les Oratoriens, jusqu'à la Débite, sur la route prise par les pèlerins, à peu de choses près. On peut supposer que ce chemin vicinal n° 4 dit "Le Canal", constituait la route de la glace vers Marseille. À l'entrée du vallon, un oratoire, encore intact, signalait le point de vente : un ensemble de bâtiments, aujourd'hui en ruines. Des entrepôts de conservation et des "stands" de vente, avec comptoir en pierre et rabattant en bois, formaient un ensemble organisé, après 6 à 8 kms de parcours. 

La vente

Le prix restait variable : de 6 deniers la livre à deux sous. C'est-à-dire, la livre pesant alors 400 grammes, de 1/2 sou (12 deniers faisant un sou) à deux : de 1 à 4 en proportion, selon les quantités disponibles. Un hiver doux entraînait la rareté, donc la cherté, de la glace. Mais la demande restait toujours forte.Aussi, en cas de pénurie, les disputes, les injures et menaces se multipliaient à la Débite, entre majordomes des maisons nobles et bourgeoises, ou tenanciers de cabarets du port ! La gendarmerie de l'époque notait ces débordements et rixes !

 L'usage de la glace

Il était triple : le premier pour les hôpitaux. Le deuxième, pour rafraîchir les vins, eaux parfumées, limonades et boissons diverses. Le troisième pour la confection des sorbets à partir de jus de fruits et de sucre et obtenus dans des sorbetières manuelles. On en consommera dans les bastides, les hôtels d'Aix ou de Marseille, les établissements où le café fait son entrée aux XVIIe et XVIIIe siècles.

 

Ensuite nous quittons la glacière et montons à la maison de la mémoire par le chemin de la Calade

 

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 la maison de la mémoire, nous découvrons le local et son histoire ainsi que les diverses expositions concernant la mine, de la galerie de la mer, le tournage à Mimet du film du Boulanger de Valorgues  ainsi qu'un grand nombre d'ustensiles collectés et offerts par de nombreux mimétains.

 

La Maison de la Mémoire 

Au départ, vers l’An Mil, ce fut le début de la construction.

Le relief, une colline rocheuse aux strates calcaires très plissées (voir la Place de la Mairie).

Il s’agit, à la fois, de fortifier et de rationaliser l’espace. Il y a le castrum féodal d’un côté, le bloc religieux de l’autre.

On taille, côté place, pour avoir une falaise de quelques mètres, plus facile à défendre. En même temps, on bâtit la salle voûtée sous les bâtiments religieux, avant de les construire (aménagement et pierres de construction).

L’espace de l’écurie a-t-il été évidé ou a-t-on aménagé un creux naturel du relief ? La roche est proche partout.

De toute façon, l’écurie a été bâtie voûtée pour soutenir du poids au-dessus (jardin, bâtisse…).

La première trace administrative pour l’église de Mimet date de 1020.

L’ensemble, église de Mimet plus presbytère, jardin et écurie, est né à cette époque et restera jusqu’à la Révolution de 1789 entre les mains des prêtres. Ensuite, l’espace non consacré passera sous le contrôle

de la mairie jusqu’à nos jours. Il abritera successivement, la mairie et ses services, un local de dispensaire, la poste et le postier, la menuiserie de Jeannot Deleuil puis Éric Desplanches et son atelier de poterie.

Aujourd’hui, il y a encore une salle de presbytère, un local  rajouté pour entreposer des outils de la mairie, une pièce  servant de Conservatoire de Musique, et la « Maison de la Mémoire », ouverte en 2010.

Dans moins de dix ans, on pourra célébrer le millénaire de ce bâtiment et de ces anciennes écuries (en restent la mangeoire et les fers pour la suspension des stalles séparant les chevaux (4) sur un côté).

Une salle voûtée (+/-10m. x 5m.), dont une arrière-salle sans doute pour entreposer les harnachements et outils nécessaires. Au-dessus, l’ancien presbytère et son jardin. Plus loin, dans la roche, le bassin d’eau (citerne et réserve d’eau pour le village) qui se vidait par la fontaine de la Place et les six ou sept fontaines des rues. En tout, une vaste salle voûtée de 20m sur 5, en parfait état, rénovée en 2010, puis achevée en 2015.

Aujourd’hui, la « Maison de la Mémoire » a vocation de recueillir les objets de la vie quotidienne des Mimétains d’hier (années 1950-1970) avant la période actuelle qui a bouleversé la vie d’un village d’ouvriers-paysans et d’estivants.

 Aussi, de collecter les souvenirs de chacun (anecdotes, détails, photos, renseignements…), ceux de la vie ordinaire, et encore, par les documents de papier ou de pierres, de fouilles (oppidum, grottes sépulcrales, vestiges en miettes…), de découvrir la vie et le cadre de vie de ceux qui nous ont précédés.

 

 

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voici la fameuse sorbetière à main dont nous avons découvert l'usage en visitant la glacière!


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La galerie de la mer

L'ennemi de la mine, c'est l'eau ! Parfois le mineur travaille avec de l'eau jusqu'à la taille et ce, malgré les pompes. Dès 1859, l'idée d'une galerie d'évacuation fait son chemin chez Ernest Biver.

Des tracés sont imaginés : depuis Roquevaire, vers la Bourdonnière, Pont-de-Bouc, depuis Saint-Savournin. Rien de satisfaisant. On hésitait aussi sur les techniques : air comprimé (expérimenté pour le tunnel du Mont Cenis dans les Alpes), ou machine Brunton (tunnelier fonctionnant comme une tarière). Dès 1879, après 20 années d'hésitations et d'études préliminaires, on se décide pour un trajet : du Cap Pinède dans le port de Marseille, vers Gardanne. Une décennie va encore s'écouler, faite d'attente de lois nouvelles sur les mines, de dossiers, d'enquêtes (1884 : avis défavorable du conseil municipal de Mimet sur cette galerie. Il annonçait le dessèchement des sources en surface

Ernest Biver, l'un des promoteurs du projet, meurt avant que tout commence vraiment.

Fin des expropriations, et le 15 décembre 1890, on reprend les premiers travaux : forage du puits Biver, le 19 mars 1891, et puits d'aération de Saint-Joseph (88 mètres de profondeur). À partir de ce dernier, vers Sainte-Marthe, on attaqua vers l'amont et l'aval, et du côté Madrague en même temps où l'on se remettait à un ancien chantier. La galerie devait faire 14.859 mètres, près de 15 km. ! Au début, le débit d'eau collectée varie de 950 l./minute à 12.500, il passe à 40.200 l./minute.

 Le 20 octobre 1893, presque au milieu, on perce le puits de la Mure à 330 mètres de profondeur, et au puits Biver, côté Mimet, on atteint 275 mètres. L'attaque se fait toujours dans les deux sens. L'eau vient encore tout perturber, de mars 1894 au 21 juin 1894, on ne perce que 65 mètres : le débit de l'eau est de plus de 50.000 litres/minute ! On va l'utiliser : sous pression et avec une turbine et une génératrice, on a du courant électrique pour actionner les perforatrices électriques dès 1895-96. Le puits de la Mure achevé en avril 1896, deux galeries en partent : vers Biver et vers la mer. L'eau ne manque pas. Lorsque le terrain est plus sec, on creuse près de 7 mètres par jour. Le 2 mai 1899, c'est la jonction entre La Mure et Saint-Joseph, on va vers Biver. Les arrivées d'eau sont gênantes, parfois avec de l'argile et du sable surtout dans le 9e kilomètre : il faut des revêtements complets de béton, ciment, cuvelage. On est en 1904. Le 20 mars, une source de sable donne 6.000 m3 avec de l'argile rouge. Depuis cinq années, la traversée de la dolomie rend les travaux très difficiles. Ceci fait, du côté de Gardanne, la fin sera plus aisée.

 En octobre 1905, tout se termine, sans oublier les galeries de raccordement vers Valdonne et la desserte vers Fuveau...

 Le puits Biver, abandonné vers l'année 1952, fait place au puits Gérard dont le chevalement se dresse toujours, même si les mines ont fermé en 2003.

 La galerie de la mer avec ses bassins de décantation, part toujours de la cote +229 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle assure la sécurité aquifère sur plus de 200 mètres au-dessus : les terrains y restent secs.

Elle a servi à acheminer la lignite pour les bateaux et usines, puis à partir de 1953, pour permettre l'écoulement des eaux des mines. Actuellement, la "Société des Eaux de Marseille" récupère 800 l./seconde, il en coule vers la mer, en pure perte, 1m3/seconde ! En prime, c'est l'assèchement accéléré du massif de l'Etoile, les sources disparaissent : c'est ce qu'avait prévu le conseil municipal de Mimet en 1884 !

 Elle est maintenue en état et fonctionne. Sans quoi, c'est toute l'urbanisation de Gardanne qui serait menacée : risques d'effondrement des terrains par minage aquifère !

 C'était une belle idée : il reste cette galerie : elle part de chez nous à Mimet et emporte notre eau de source !

 

« LE BOULANGER DE VALORGUE »

 En septembre 1952, Fernandel et ses amis, dont Henri Verneuil, se promenaient en voiture. En bas, au lieu-dit le Passaga, ils s’arrêtèrent pour admirer Mimet , « ce nid d’aigle » dira Fernandel. Il fut décidé d’y monter. À cette époque, comme d’ailleurs aujourd’hui, deux routes y menaient : la route « Haute » et la route « Basse ». À l’entrée, sur la placette, il y avait une aire à battre le grain, le garage des pompiers, celui de Magère Achille, le maire, et les restes de la chapelle Saint Sébastien. À l’intérieur de cette dernière, se trouvait le vieux corbillard noir où l’on attelait un cheval pour les enterrements. Puis, le cimetière.  Trois chemins quittaient cette placette : celui de Saint Sébastien, celui de La Prunière vers le col Sainte Anne, tous les deux en terre et en ornières, presque impraticables.

Fernandel prit le troisième, la rue Saint Sébastien qui mène sur la Place : c’était goudronné. Se garer ne posa aucun problème, il n’y avait que la camionnette de Satta, l’épicier, une « quatre chevaux » et parfois un autre véhicule ! Mimet, un bout du monde !

Il faisait chaud, ils allèrent, non au bar tenu par Nicolas mais au restaurant du Puech ouvert depuis peu : on y mangeait des spécialités de chasse et de champignons et on y buvait la piquette mimétaine car, en ce temps là, chacun faisait son vin. Il devenait ensuite un excellent vinaigre pour les salades de pois chiches et d’oignons !

 Au Puech, ils s’abreuvèrent et ayant étanché leur soif, ils déambulaient dans la rue de Mimet. Elle possède une particularité : outre qu’il n’y en a qu’une, elle s’enroule sur elle-même à mesure que l’on tourne autour du château, enfin, de ses ruines, et elle a la forme d’un escargot. À cette époque, il n’y avait pas de nom de rues et les numéros des maisons suivaient l’ordre de leur recensement : à telle impasse de trois portes, on pouvait voir les numéros 54, 56, 58 !

Mais Henri Verneuil avait l’œil du professionnel, rien ne lui échappait : il était réalisateur. En contrebas de la Place, il constata l’existence d’un édicule bien utile : les toilettes publiques. Discrètement située sur les bords d’un escalier en pierres froides taillées avec soin, la bâtisse, nantie d’un toit à quatre pentes tel celui d’une bastide bourgeoise, comportait et comporte toujours deux water-closet à la turque. L’intérieur est revêtu de céramique blanche, luisante telles les parois du métro parisien, par souci d’hygiène. Ce qui n’empêchait pas les Mimétains d’alors d’aller verser le contenu de leur tinette, le matin, dans leur jardin : carottes, radis, tomates et salades s’en trouvaient très bien.

La mairie avait décidé, en 1926, par désir de modernité, d’édifier ce monument. Il sera achevé en 1928.

Henri Verneuil descendit vers lui : plusieurs scènes de son film, « Le boulanger de Valorgue », réclamaient un lavatory de ce type. Ce fut décidé, le tournage dudit film se ferait à Mimet et en décor naturel pour la beauté du lieu et l’existence d’un W.-C. idoine.

 

Enfin nous partageons, pour fêter la Saint Patrick, les bières "Craint Degun" d'un brasseur d'Aubagne, "les deux font la bière"...

Merci à Françoise qui nous a donné de son temps et a partagé avec nous son amour et sa connaissance de l'histoire du patrimoine mimétain

Bel hommage à son époux, Bernard Duplessy, en assurant sa suite...

 



18/03/2019
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