Colère littéraire et meilleure année 2021!
Nous, membres du bureau de l'association Le Trait d'Union Mimet, profitons de l'occasion de ce compte rendu du dernier atelier d'écriture pour vous présenter tous nos vœux de meilleure année 2021 (pour qu'elle soit bonne, il faudrait vraiment qu'elle soit meilleure que l'année passée!).
Nous espérons pouvoir reprendre nos activités associatives dès que l'état sanitaire de la région nous le permettra et partager à nouveau avec vous de belles rencontres et de chaleureux moments de partage !
Bon courage à tous pour cette période de début d'année pendant laquelle nous devrons encore patienter et au plaisir de vous retrouver!
Pour notre dernier atelier d'écriture par zoom de l'année 2020, Stéphanie nous a fait travailler sur l'expression, la, retranscription, la description de la colère (comme exemple d'émotion) dans nos écrits.
On s'est bien amusées!
On a d'abord interviewé la colère :
Et bonjour, la colère !
"Bienvenue à l’émission « Déshabillez-mots », celle de l’émotion sans tabou. Aujourd’hui nous allons interviewer pour vous la colère :
- Bonjour la colère ! Vous avez l’air en forme aujourd’hui ?
- Chez moi, la forme est toujours au rendez-vous ! La colère, c’est une énergie, un moteur qui vous booste, vous devriez essayer…
- Ca m’arrive de temps en temps, mais je trouve qu’on est complètement vidé après… Enfin ! Contente d’être là, pour quelques millions d’auditeurs ?
- Chez moi contente ne veut rien dire mais prête à exploser, oui, et à témoigner de ce que ma puissance colérique est capable de soulever…
- Ah ! Soulever ? Pourriez-vous m’en dire un peu plus ?
- Chez moi, soulever des montagnes est un objectif quotidien. Tout le monde ne le comprend pas. Il y en a même qui ont peur de mon expression colérique. Ils se ratatinent, plient sous l’orage mais ce n’est pas ce que j’attends d’eux ! Un ralliement aussi soumis, ce n’est pas un combat à la loyale !
- Vous employez un vocabulaire un peu guerrier ! Combat, par exemple, est-ce ce que vous vouliez dire, vraiment ?
- Chez moi, le combat est quotidien. C’est une force vive qui me propulse à cent à l’heure, me permet de m’indigner pour de bonnes causes, nourrit ma révolte et lui permet de se mobiliser instantanément. En face de moi, les adeptes du consensus mou me dégoûtent et si je n’étais pas la colère, je les plaindrais presque !
- En effet, il ne me semble pas que la compassion pour les autres soit dans vos registres.
- Chez moi, Ce serait plutôt antinomique. Mais ne croyez pas que je cultive la solitude, au contraire. Je nourris un rêve en particulier : faire partager ma colère à tout le monde ! Une colère collective, vous voyez le tableau ? Comme un feu d’artifice ! On pourrait en soulever des montagnes ensemble !
- A vous entendre, la colère n’aurait que des avantages…. En êtes-vous bien si sûre ?
- Chez moi, la colère protège de la peine et c’est un sacré bénéfice ! Plutôt que de vous infliger une peine en absorbant les reproches qu’on vous fait en leur donnant du crédit, essayez au contraire d’éprouver de la colère contre leurs auteurs devant l’injustice de ce qui vous est dit et vous ne le recevrez plus en plein cœur. Révoltez-vous, c’est insensé qu’on ose vous balancer un truc pareil, mais qui sont-ils pour vous donner des leçons, certainement pas irréprochables, en tous cas, etc, bref je vous la fais courte. J’espère que vous avez compris ma démonstration ?
- Quant à moi, je ne suis pas certaine que tous les reproches soient à écarter, parfois ils vous font progresser…
- Chez moi, on n’autorise pas les autres à penser à notre place ! Non mais, vous vous êtes entendue ? Quelle mièvrerie ! Et vous croyez aller loin avec ce genre d’arguments ? Tiens, je préfère quitter le studio et m’en aller d’ici plutôt que de continuer à écouter de telles niaiseries ! Je ne sais pas ce qui me retient de vous envoyer le casque à la figure, juste que le casque, lui ne m’a rien fait, alors que des interviewers comme vous, ça me fait monter dans les tours… ne me retenez pas, ne dites plus un mot ou…
Les auditeurs sursautent au fracas du claquement de la porte…"
Ensuite on a eu le droit de massacrer des légumes, ce qui était censé empêcher qu'on massacre quelqu'un ou quelqu'une mais ça n'a pas marché pour tout le monde...
"Le massacre des légumes"
Plutôt que de poignarder sa femme qui avait provoqué une colère noire dans son cœur, il se tourna vers les légumes étalés sur la table de la cuisine. Préparer une ratatouille était surement une bonne idée.
A chaque coup de couteau, il rêvait de sang qui giclait du cœur des tomates;
A chaque coup de couteau, il pensait à la chair tuméfiée des aubergines;
A chaque coup de couteau, son esprit imaginait la courgette écrabouillée;
A chaque coup de couteau, il voyait l'oignon pleurant de peur;
A chaque coup de couteau, il transperçait le cœur de l'ail;
Il pelait comme s'il écorchait.
Il coupait chaque légume comme de la chair et des entrailles.
Sa femme restait silencieuse derrière lui, assistant au massacre des légumes. Il sentait sa présence hostile.
La ratatouille prête à cuire, il se retournai lentement sans lâcher son couteau et l'enfonça violemment dans le ventre de sa femme."
Enfin, on a écrit une "lettre de rouspétance" au Père Noël, à la manière d'Ernestine CHASSEBOEUF dans "Ernestine écrit partout".
En voici quelques extraits:
"Cher Père Noël, j'ai 95 ans aujourd'hui et je vous écris car je suis un peu dépitée par l'approche de Noël.
Ce jour, 12 décembre 2020, je sors de ma maison et je suis éblouie par les éclairages de noël qui brillent dans la campagne.
Je passe devant la vitrine du boucher. Son étalage est illuminé lui aussi et regorge de nourritures riches.
N'avons-nous plus d'idées, cher Père Noël, mais seulement de l'énergie à dépenser?
J'arrive à la papeterie. Des jouets en abondance sont dans la vitrine.
N'avons-nous plus de rêves dans nos têtes, cher Père Noël, mais seulement de l'argent à dépenser?"
"Très cher Père Noël,
Je vous ai écrit chaque année lorsque j’étais enfant. Puis moquée par mes petites camarades de classe pour ma crédulité, j’ai mis fin à nos échanges épistolaires. Croyez que je l’ai beaucoup regretté parce que j’aimais beaucoup ces moments où je pouvais coucher sur le papier toutes mes envies et rêver que j’aurais ces jouets que je désirais tant. Mais la vie leur a donné raison car j’ai toujours eu des cadeaux utiles, notamment des vêtements.
Aujourd’hui, je reprends la plume avec un plaisir non dissimulé (que vous ne partagerez peut être pas) pour vous faire part de mon indignation concernant certaines pratiques.
En effet, je remarque, depuis quelques années, que le calendrier des différentes fêtes n’est plus respecté. J’en veux pour preuve le constat que j’ai fait début octobre. A la recherche de babioles d’halloween pour mes arrières petits-enfants, - même si ces fêtes exportées puis ré importées n’ont pas ma faveur – je me suis rendue à une trentaine de kilomètres de chez moi. Il faut que je vous dise que comme je rouspète mes amies qui me rebattent les oreilles de ce qu’elles ont acheté à leurs petites enfants, je ne risque pas de les acheter au supermarché du coin. Donc, quelle ne fut pas ma surprise de voir que les stands de Noël étaient déjà installés et qu’il n’y avait plus aucun article d’Halloween"
"Un second mail annonçait : « Votre carte d’assuré est maintenant disponible dans votre espace personnel »…
J’ai regardé autour de moi, puisque mon ordinateur est installé dans l’espace personnel qu’est mon bureau et comme je m’en doutais, je ne vis point de carte d’assuré disponible alentours…
Il allait donc falloir aller visiter cet « espace personnel » numérique et virtuel : « Vous ne vous rappelez pas de votre mot de passe ? Vous pouvez demander à le réinitialiser. Vous allez recevoir un mail à cet effet. »
La migraine vous guette, Père Noël, la mienne est déjà installée.
J’accède enfin à la carte après quelques tâtonnements.
D’abord une page blanche à propos de laquelle il faut comprendre qu’en descendant l’ascenseur sur la droite de l’écran (pas celui qui vous emmène au septième ciel, hélas), on voit apparaitre la carte au bas de la page, enfin seulement le verso de la carte. Vous espérez que le recto sera sur la deuxième page et bien, détrompez-vous Père Noël, seuls deux verso vous sont fournis.
Vous cliquez sur « imprimer », ça vous savez le faire depuis longtemps!
Votre imprimante crépite de joie, mais pas vous quand vous imaginez combien de professionnels de santé vont manipuler au cours de l’année à venir ce morceau de feuille volante, si fine et donc si fragile !
Mais heureusement que j’ai pu compter sur vous, Père Noël, puisque l’année dernière vous m’avez offert…une plastifieuse !
Chauffe Marcel, ça sent un peu le brulé, mais la feuille sort plastifiée sur toute sa surface.
Plus qu’à découper en suivant les arrondis des coins, comme marqués sur le dessin, parce qu’autrement les coins ça pique, et que les arrondis, c’est mieux !
Et là, le drame, Père Noël : Une carte d’assuré toute blanche d’un côté, sans logo, sans titre, sans le nom de la Mutuelle… puisque pas de recto !
Qui va croire que c’est un document officiel ?
Il faudra la jumeler avec celle de l’an passé, qui, elle au moins, ressemble à quelque chose mais… n’est plus valide !
Suant à grosses gouttes après toutes ces manipulations, je m’apprête à reprendre mes activités plus sereines : Horreur, la taille de la carte n’est plus la même et, plus grande, elle ne rentre plus dans la fente de votre portefeuille.
A votre avis, Père Noël, le font-ils exprès ?
Je rouvre le verso de la carte pour voir si je pourrais la découper plus sévèrement pour l’aider à rentrer dans la fente prévue à cet effet.
Et là, vous n’allez pas le croire Père Noël, au bas de la carte, je déchiffre la phrase suivante adressée aux professionnels de santé : « Cette carte d’assuré a été éditée le 9 décembre 2020, si les demandes de remboursement dépassent de 30 jours cette date (ah ça mais forcément puisqu’on n’est pas encore en 2021…), vous pourrez demander à l’assuré d’en ré éditer une nouvelle afin de vérifier ses droits ».
Et puis quoi encore, Père Noël ? On ne va pas recommencer toutes ces tracasseries chaque mois !
J’attrape mon ciseau rageur et fais sauter cette recommandation. Ni vu, ni connu !
Et maintenant la carte rentre à nouveau dans le portefeuille, c’est tout bénef !
Morale : Merci, Mutuelle ! Tu as voulu me faire faire le travail à la place de ton personnel réduit pour l’occasion, mais tu ne peux pas contrôler tout ce que je fais dans mon « espace personnel » !"
Meilleure année 2021 à tous!
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